Toujours Verte Vallée
Quelle serait la pertinence contemporaine d’une œuvre de John Ford alors qu’est bien entamé, jusqu’au quart même, le 21ème siècle ?
La manière de raconter une histoire et la vision des rapports hommes-femmes pourront chagriner les esprits portés sur la complainte du progrès. Mais, quand même, quelle merveille que ce film, sur le fond comme sur la forme.
John Wayne était un abruti nationaliste, mais Ford le dirigea toujours avec une finesse qui permit de faire de (…)
Cinéma
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« L’homme Tranquille » de John Ford (1952)
2 février, par Sébastien Bourdon -
« Apprendre » de Claire Simon
1er février, par Sébastien BourdonLike Diamonds in the Sky
On parle souvent de se mettre à hauteur de son sujet quand on se refuse à le surplomber : ici, Claire Simon propose même de se positionner physiquement au niveau des enfants, s’adaptant à leur taille. La caméra est alors comme un des leurs au milieu des autres, qui les regarde et les écoute. Les adultes, on les voit le plus souvent par en-dessous.
C’est la fin de l’année scolaire à l’école élémentaire Makarenko d’Ivry-sur-Seine. Il fait beau, on pourrait (…) -
« La Chambre d’à côté » de Pedro Almodovar
20 janvier, par Sébastien BourdonUne mort très douce
Ingrid (Julianne Moore) et Martha (Tilda Swinton) ont été longtemps très proches, l’une écrivain et l’autre reporter de guerre. Elles travaillaient dans le même journal et ont partagé à New York dans les années 80 une vie sociale et intellectuelle exaltantes.
Alors que Martha tente de se soigner d’un méchant cancer, Ingrid reprend attache avec elle et renoue le fil distendu de leur amitié.
Elles se racontent d’abord leurs vies, dans une série de flash-backs colorés (…) -
« Je suis Toujours Là » de Walter Salles`
19 janvier, par Sébastien BourdonChronique d’une Disparition
Difficile de faire plus élégamment solaire que cette première demi-heure de film. Le temps - l’aube naissante des années 70 - et le lieu - Rio au bord de la mer - tout est idéal : les gens sont beaux, la musique comme l’eau, est bonne, comment cela pourrait-il mal finir ?
La famille Paiva habite une grande maison ouverte aux portes de l’océan où le couple uni et ses cinq enfants reçoivent sans cesse, où se croisent des gens ouverts d’esprit, sorte de petit « (…) -
« Une Langue Universelle » de Matthew Rankin
18 janvier, par Sébastien BourdonLost in Translation
Il y a bien une histoire, mais elle n’est pas forcément limpide : un québécois neurasthénique quitte son job dans l’administration pour retourner à Winnipeg (Manitoba), d’où il est originaire, et son chemin va croiser celui d’enfants à la recherche d’un billet sous la glace et d’un dindon voleur de lunettes.
Mais la richesse du propos filmique ne réside point là, même si des pistes se dessinent sur la neige du film. Il y a d’abord une esthétique : une image (…) -
David Lynch, extinction des feux
18 janvier, par Sébastien BourdonÀ l’époque, j’avais une fiancée grecque, on allait au théâtre de l’Odéon et au cinéma. Elle était un peu plus âgée que moi (et que la copine du moment de mon père), et plus aguerrie à l’exigence culturelle.
Un soir de 1997, dans le coin de Montparnasse, on est allés tous les deux voir « Lost Highway ». J’avais vu « Twin Peaks » à la télé et n’étais pas non plus complètement vierge du cinéma de David Lynch, mais cela reste probablement comme une des séances les plus intenses et mémorables (…) -
« Personne n’y Comprend Rien » de Yannick Kergoat
11 janvier, par Sébastien BourdonN’oubliez pas « Le Guide »
« Personne n’y comprend rien », comme l’affirme avec véhémence Nicolas Sarkozy - dont le titre du film reprend malicieusement une des saillies - mais c’est quand même beaucoup plus clair quand on nous explique patiemment, ce qu’entreprend de faire le documentaire.
Plantant devant sa caméra notamment les journalistes Fabrice Arfi et Karl Laske (Mediapart), Yannick Kergoat remonte méticuleusement le fil du financement de la campagne présidentielle de Nicolas (…) -
« La Fille dans la Vitrine » de Luciano Emmer (1961)
8 janvier, par Sébastien BourdonL’ouvrier et la Putain
Une petite troupe de jeunes italiens descend d’un train nuitamment pour aller rejoindre un campement de travailleurs aux Pays-Bas.
Vincenzo (Bernard Fresson) est l’un d’eux, et dès le lendemain matin, il descend à la mine pour y découvrir à la dure une vie qui ne l’est pas moins.
Il y fait la connaissance de Federico (Lino Ventura), avec lequel il vivra diverses péripéties, sous terre comme à l’air libre.
Un week-end, ils partent faire la nouba à Amsterdam et (…) -
« Mon Inséparable » de Anne-Sophie Bailly
5 janvier, par Sébastien BourdonVol au-dessus d’un nid de coucous
Pour peu qu’on aille beaucoup au cinéma, on voit beaucoup les mêmes figures, c’est quand même vachement une niche le métier d’acteur et peu nombreux sont les élus.
Laure Calamy a commencé figure de théâtre d’avant-garde et actrice de cinéma d’auteur et a finalement connu le succès populaire à l’arrivée de la quarantaine. Il semblerait qu’elle ne soit pas la seule, puisque talonnée sur ce podium de la réussite tardive par Virginie Effira et quelques (…) -
« Oh, Canada » de Paul Schrader
3 janvier, par Sébastien BourdonItinéraire d’un enfant gâté
Leonard Fife (Richard Gere) a été toute sa vie un réalisateur de documentaires audacieux, traquant inlassablement la réalité de son temps. Usant de son talent novateur pour pratiquer une forme d’activisme saluée par plusieurs générations, il a fini par devenir une figure de la contre-culture nord-américaine. Le film débute alors qu’il est au crépuscule de sa vie.
Mourant ou presque d’un méchant cancer, il accepte un long entretien testamentaire filmé par (…)