Mort de l’acteur

À la fin du film, les deux héros, cernés par l’armée bolivienne dans le bâtiment où ils se sont réfugiés, se ruent soudainement à l’extérieur, armes au poing, s’exposant, bravaches, à une mort certaine.

L’image se fige sur leur élan, on ne verra donc pas ce qu’il advient, même si c’est documenté dans les livres.

De l’autre côté de l’écran, impossible de ne pas conserver un peu d’espoir : Paul Newman et Robert Redford vont probablement mourir, mais ce n’est pas certain.

Las, on l’a vérifié avec Newman, qui a précédé Redford ad patres, il est mensonger de dire que les héros ne meurent jamais.

Enfant, j’avais trouvé ce film tellement parfait, au point d’être convaincu que ces deux-là ne faisaient que des films ensemble, découvrant ensuite avec stupéfaction qu’il leur arrivait de jouer séparément (aussi surprenant qu’une aventure de Mortimer sans Blake, mais ça aussi, ça existe ça s’appelle « Le Piège Diabolique »).

Dans un très beau film, plus récent, « All is Lost » (J. C. Chandor - 2013), Redford est seul sur son voilier en perdition sur l’océan, avec la menace permanente d’être englouti, de disparaître de la surface, maritime comme terrestre.

Las, il en est ainsi des acteurs, même lorsque l’écran semble se refuser à ce qu’ils disparaissent complètement, la vie les rattrape et ils meurent en vrai.

Alors Robert Redford est peut-être mort, mais je l’ai encore vu dans un film hier.

Sébastien Bourdon