Accueil > Francais > Cinéma > « La Trilogie d’Oslo - Désir » de Dag Johan Haugerud
« La Trilogie d’Oslo - Désir » de Dag Johan Haugerud
lundi 1er septembre 2025, par
Chim chiminey, chim chim cher-ee
Sur les toits d’Oslo s’agitent des ramoneurs. À la pause, l’un apprend à l’autre avoir eu la veille une expérience homosexuelle - inédite le concernant - avec un client.
Un peu estomaqué, le camarade encaisse la révélation, s’étant lui-même préalablement confessé des rêves ambigus qui l’habitent depuis quelques temps (et où figure invariablement David Bowie, fameux androgyne).
L’échange s’étend longuement, le temps de percevoir chez ces hommes tranquilles les bouleversements aussi intenses que contenus qui viennent de naître en eux par la parole de l’autre.
Chacun retourne ensuite chez lui et confronte ce vécu à son épouse, l’adultère étant évidemment moins bien reçu chez l’une que les songes oniriques chez l’autre.
Tout cela se déroule néanmoins calmement, on n’est pas au bord de la Méditerranée, avec une parole continue presque sans emportements, chacun espérant dans l’échange comprendre un peu de l’autre et de lui-même.
Ce qui semble se dessiner, c’est la possibilité pour tout un chacun de se trouver à faire ou vivre des choses qu’il n’avait pas envisagées et dans lesquelles se dessinent des fragments de soi inattendus et énigmatiques.
Très Nouvelle Vague dans sa forme - des occidentaux urbains qui déambulent dans les rues avec des questions existentielles, sur une musique beaucoup plus intense que ne semblent l’être dans les situations traversées - le film persiste néanmoins à jouer une partition très personnelle.
Ainsi par l’apport d’un humour un peu absurde qui prive l’œuvre d’un esprit de sérieux qui l’aurait probablement largement desservie.
Le réalisateur fait discrètement quelques clins d’œil souriants aux spectateurs, et s’offre même une digression drolatique particulièrement réussie (qui pourrait évoquer la fantaisie d’Agnès Varda).
Un film intelligent et modeste, extrait d’une trilogie semble-t-il aussi recommandable que prometteuse.
Sébastien Bourdon