Mort de l’actrice

Ça se passe dans une gare, au fin fond du Far-West. La fille descend du train, chapeau de paille, bottines et crinoline. Son regard semble mélancolique et vaguement inquiet, s’interrogeant probablement dans sa solitude féminine sur le niveau de civilisation des lieux.

Enfin, elle se lance et avance, s’éloigne du quai pour entrer dans la ville. La caméra la suit d’abord puis s’envole, portée par la musique d’Ennio Morricone. Elle flotte au-dessus des lieux et des gens et régulièrement revient sur le visage de la nouvelle venue.

Le corps de l’actrice est entré dans le film.

1989, avant-première. Claudia Cardinale est arrivée, s’est assise juste derrière moi, le noir s’est fait, la séance a commencé.

L’actrice était entrée dans la salle.

Difficile de faire plus solaire que cette comédienne, la voix, le rire, la peau, le regard.

Il pleut à torrents sur Paris ce 24 septembre, noyant sans pitié jusqu’au souvenir de l’été.

L’actrice qui avait indéniablement contribué à la beauté du monde a fini par le quitter.

Sébastien Bourdon