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« Palombella Rossa » de Nanni Moretti (1989)
samedi 13 septembre 2025, par
Tout le monde n’a pas la chance d’être communiste
Le député Michele Apicella (Nanni Moretti), au volant de sa Fiat Uno se distrait, et emboutit un mur, le laissant vaguement amnésique, mais sans autre blessure.
À la sortie de l’hôpital, une bande agitée de joyeux drilles vient le chercher en autocar pour l’emmener à une compétition, à laquelle il doit participer, mais Michele se demande tout au long du trajet de quel sport il peut s’agir.
Le voyage - puis le déroulé de la compétition de water-polo (ça finit par lui revenir) - est à l’image du joyeux bordel qui agite le cerveau du protagoniste. Tout est matière à réflexion agitée et interrogation permanente sur tout un tas de sujets.
Se bousculent ainsi à l’écran, entre deux actions confuses dans la piscine, des fulgurances logorrhéiques sur la lutte des classes, les rapports humains et le « Docteur Jivago » (la magie du cinéma donc).
C’est sur les ruines fumantes du Mur de Berlin qu’est sorti ce film et, près de quarante ans plus tard, cette réflexion foutraque mais pertinente sur l’idéologie communiste n’a rien perdu de sa pertinence.
Les politiques de partage des richesses se sont clairement perdues en route. On peut constater, statistiques vertigineuses à l’appui, que s’est singulièrement accéléré l’enrichissement d’un petit nombre au préjudice de la majorité, avec un discours préconçu de ringardisation de toute réclamation d’un meilleur partage des richesses.
Évidemment, le député, même désabusé, persiste à croire au collectif, et c’est ainsi qu’il y a sans cesse un monde fou à l’écran.
Cette collectivité qui se maintient malgré tout, pour applaudir les joueurs ou pour chanter Springsteen ou Battiato incarne cet espoir jamais complètement défait et se révèle assez émouvante, encore plus avec le recul.
Sébastien Bourdon