Les Egarements du Cœur et de l’Esprit
Emmanuel Mouret n’aime filmer que la valse à mille temps des sentiments, ne goûte rien tant que le marivaudage. Une fois de plus Cupidon est donc de la partie, mais il est artichaut, ne cessant de sauter d’un cœur à l’autre.
Ici personne ne semble savoir s’attarder sur cœur et un corps enfin pris, et avec une sincérité désarmante trompe et trahit, n’ayant pour excuse absolutoire que l’intensité du sentiment (que ne freine jamais la culpabilité). (…)
Cinéma
-
« Les Choses qu’on Dit, les Choses qu’on Fait » d’Emmanuel Mouret
29 septembre 2020, par Sébastien Bourdon -
« Antoinette dans les Cévennes » de Caroline Vignal
20 septembre 2020, par Sébastien BourdonÂne, ne vois-tu rien venir ?
Antoinette (Laure Calamy) est maîtresse d’école et maîtresse... du père d’une de ses élèves, Vladimir (Benjamin Lavernhe). Elle gère cette situation inconfortable avec la fraîcheur et l’enthousiasme qui l’habitent. Elle ne se protège pas, conservant toujours toute la grâce d’une femme éperdument amoureuse.
Nous la trouvons dans l’enthousiasme de l’institutrice à l’aube des vacances et ce d’autant que son amoureux lui a promis une semaine à deux, en l’absence (…) -
« Adolescentes » de Sébastien Lifshitz
13 septembre 2020, par Sébastien BourdonÂge Tendre et Tête de Bois
Emma et Anaïs sont camarades de classe, et on va les suivre entre 2015 et 2019, du collège au baccalauréat, en deux trajectoires parallèles, mais pas vraiment similaires. Sans jamais s’attarder inutilement, le réalisateur esquisse délicatement ce qui constitue ces êtres en devenir. De leurs origines sociales à leurs appétences, à ces traits de caractère qui vont s’imposer et en faire des adultes.
Filmer cet âge de transformations peut virer à l’accumulation de (…) -
« Effacer l’historique » de Gustave Kervern et Benoit Delépine
6 septembre 2020, par Sébastien BourdonHand Cannot Erase
Le duo Kervern Delépine reprend la caméra, et la route par la même occasion, et s’attache dans le même mouvement à suivre les pérégrinations de quelques fracassés de la vie (Blanche Gardin, Denis Podalydès, Corinne Masiero).
Ils se sont rencontrés sur les rondpoints avec les Gilets Jaunes, épopée au cours de laquelle s’est forgée leur amitié. Ces braves et plutôt pauvres gens (ni caricaturaux, ni complètement réalistes) voient en effet leurs existences difficiles (…) -
« Felicità » de Bruno Merle
27 juillet 2020, par Sébastien BourdonDaddy Cool
24 heures dans la vie d’une famille un chouïa borderline : le père (Pio Marmaï), la mère (Camille Ruthetford) et l’enfant (extraordinaire Rita Merle, fille du réalisateur). Sur une aire d’autoroute, un père raconte une histoire abracadabrante à l’enfant sur ses origines - elle serait la fille abandonnée d’Orelsan. Elle n’y croit pas une seconde et remet son casque antibruits, comme elle le fera systématiquement pour échapper aux plus ou moins doux délires de ses géniteurs.
On (…) -
« Tout Simplement Noir » de Jean-Pascal Zadi et John Waxxx
15 juillet 2020, par Sébastien BourdonBack in Black
Jean-Pascal Zadi nous prévient d’entrée, il est « un noir en colère ». Comédien raté, il entretient sa micro célébrité contemporaine par des pastilles vidéos sur YouTube dans lesquelles il enchaîne quelques provocations comiques sur l’esclavage et le sort des noirs. On le découvre dans sa cuisine, expliquant son propos engagé à une équipe de télévision, pendant qu’en arrière-plan son épouse - blanche - râle de son incapacité à assumer les tâches quotidiennes (Caroline (…) -
« Benni » de Nora Fingscheidt
28 juin 2020, par Sébastien BourdonL’enfant Sauvage
C’est un lieu commun, mais il n’est guère aisé de filmer l’enfance, surtout si elle est difficile. Le miracle tient probablement ici évidemment aux intentions de la réalisatrice, mais probablement largement aussi au choix de l’actrice, dont on se demande par quel miracle elle arrive à être aussi juste et habitée par un tel personnage (Helena Zengel).
Benni s’appelle en réalité Bernadette, mais déteste son prénom et a opté pour ce patronyme, semble t’il adopté par tous. (…) -
« Get Out » de Jordan Peele (2017)
31 mai 2020, par Sébastien BourdonI can’t breathe
Hasard de la programmation de mon ciné-club confiné et familial, nous avions ouvert le bal avec « Devine qui vient dîner ? » (Stanley Kramer - 1967) et l’avons plus ou moins conclu, deux mois et demi plus tard, par « Get Out » (Jordan Peele - 2017).
Film encensé par la critique lors de sa sortie - et à juste titre - on était toutefois un peu réticent, car froussard, à se plonger dans ce « thriller horrifique ». Le film achevé, on se retrouve la tête en feu, en proie aux (…) -
L’histoire n’est plus à suivre
19 mai 2020, par Sébastien BourdonJe n’ai vu en vrai qu’une seule fois Michel Piccoli, on va plus souvent au théâtre qu’au cinéma. Cela s’est produit en 2011, dans le cadre d’un festival de bandes dessinées à Saint-Ouen.
Piccoli avait notamment fait lecture publique de ce que je considère être un chef d’œuvre essentiel de la littérature, « Le Cosmoschtroumpf » de Peyo (1970).
Il fut particulièrement savoureux de l’écouter lire avec gourmandise cet ouvrage car, lorsque j’étais enfant, Michel Piccoli m’impressionnait (…) -
« The Last Picture Show » de Peter Bogdanovich
3 mai 2020, par Sébastien BourdonLa Chair est Triste
Dans l’ouvrage de référence - « 50 ans de cinéma américain » - les auteurs (Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon) font un sort expéditif au film dont il va être ici objet : « pesant, laid, confus, inspiré d’une thématique vaguement fordienne dont l’insistance finit par évoquer les plus mauvais moments de William Wyler » (critique sévère mais érudite).
Ne partageant pas l’analyse qui mène à cette exécution lapidaire, on se fend ci-après de quelques lignes pour (…)