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« Le Chat » de Pierre Granier-Deferre (1971)

dimanche 6 décembre 2020, par Sébastien Bourdon

Cat Scratch Fever

Enfant, j’avais été particulièrement impressionné par la vision de ce film de Pierre Granier-Deferre, avec Simone Signoret et Jean Gabin. Film pour le moins sombre qui raconte l’histoire d’un vieux couple qui ne vit encore ensemble que pour se haïr, par ce tour étrange et pourtant commun que peut parfois prendre l’amour avec le temps qui passe.

Mais ce qui m’avait tant fasciné, et cette fascination perdure après l’avoir revu à un âge nettement plus avancé, c’est que pour montrer ce couple en phase de destruction finale, le réalisateur les avait installés dans un pavillon cerné par les bulldozers et les grues à Courbevoie, au moment (les années 70) où l’on avait entrepris de tout raser pour construire les tours de La Défense (c’était avant le télétravail...).

Ces deux petits prolétaires en fin de vie (un imprimeur et une artiste de cirque handicapée par un accident) voient ainsi tout s’effondrer autour d’eux dans une sorte de grand remplacement urbain et architectural. Et il faut bien dire qu’entre eux également, ça se lézarde pas mal, l’atmosphère est glaciale au domicile conjugal : lui ne s’intéressant plus qu’à son chat quand elle voudrait encore une attention qu’elle se désespère d’avoir perdu (jusqu’à vouer au félin une haine féroce).

A l’extérieur de la maison, on fait table rase d’un passé prolétaire au profit d’un modernisme bancaire et immobilier, augmentant encore l’impression de fin du monde produit par la vieillesse et le délitement du couple.

Cette mise en scène permet d’immerger plus encore le spectateur dans ce qui se passe sur l’écran.

Mais c’est aussi par ce dispositif que le film dépasse son seul sujet et devient l’air de rien presque politique. En effet, nul besoin de traverser cette déglingue des sentiments pour porter au travers de ce film un regard plus éclairé sur les effets délétères de ces politiques urbaines, qui blessent jusque dans l’intime.

Sébastien Bourdon

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