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« Je la Connaissais Bien » d’Antonio Pietrangeli (1965)

dimanche 15 novembre 2020, par Sébastien Bourdon

Les Illusions Perdues

Adriana (Stefania Sandrelli) est une ravissante jeune femme, qui a fui sa Toscane agricole et rétrograde pour tenter une vie différente sous les lumières de la ville.

L’Italie est trépidante en ces années 60, le miracle économique est apparent, les villes semblent avoir poussé comme des champignons, tout le monde danse frénétiquement le rock n’ roll.

Nombreux ceux qui veulent leur part, et notre jeune héroïne n’y déroge pas. Spécificité de l’époque, elle imagine que sa chance se présentera sous la forme d’un sémillant mâle au portefeuille garni. De toutes façons, elle n’est pas farouche, et se donne volontiers aux hommes de passage, sans réaliser que ces passades, le plus souvent humiliantes, fragmentent un peu plus ses rêves et abîment sa vision du monde.

Le film se présente comme une succession de saynètes, les protagonistes changent, les expériences varient, mais l’histoire se répète, les joies passagères se transforment en déceptions douces-amères.

Quand elle ne fait pas la fête, Adriana travaille, elle enchaine les petits boulots, d’esthéticienne à ouvreuse, espérant une carrière de ses séances photos ou de sa figuration dans des péplums.

On la découvre ainsi esthéticienne, mais aussi ouvreuse. Notre héroïne se désintéresse totalement de l’actualité ou de la politique, mais on comprend de l’époque qu’on y trouve du travail et que si modeste soit-il, il nourrit. Adriana a un appartement dans un grand ensemble et une emblématique Fiat 500.

Adriana n’est pas Rastignac, elle aspire à une forme de succès dans la notoriété, mais s’y adonne comme elle se donne aux hommes, avec une forme de paresse, presque un abandon.

C’est un très beau portrait féminin qui est ici dessiné. Si Adriana a des mœurs très libres, le réalisateur ne se positionne ni en censeur ni ne verse dans une fascination libidineuse. Stefania Sandrelli est montrée dans toute sa beauté mais avec une réelle distance d’auteur, nous sommes ici plus préoccupés par le personnage que par sa plastique. Le regard se fait précis pour filmer une société, un monde consumériste et cruel, une époque où l’on danse sur les mondes anciens et malheur à celui qui ne parvient pas à entrer dans la ronde.

Sébastien Bourdon

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