Cinéma

Sensible aux Effusions
Simon (Vincent Macaigne) n’a jamais trompé sa femme en 20 ans de mariage et c’est sa rencontre avec Charlotte (Sandrine Kiberlain), mère célibataire libérée, qui va le faire basculer. Les caractères sont fort bien dessinés dès l’ouverture : à elle la fougue et l’audace, à lui la timidité et la gaucherie.
Dans ce film, la femme décide, l’homme ne s’en plaint pas, mais il est quand même sacrément bousculé par ce tourbillon de liberté et de sensualité.
Il n’y a pas (…)

Fool for Love
Rien ne marchera, tout est foutu, autant ne pas perdre de temps et crever avant la fin du monde. Tel est grosso modo l’état d’esprit pimpant de Jeanne (Blanche Gardin) quand le film débute. La dépression a cessé chez elle d’être simplement menaçante, elle est là, et pour y résister, ne reste qu’à la nier. Mais le réel est têtu et Jeanne n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Personne ne parle mieux du désespoir moderne que Blanche Gardin dans ses spectacles, avec cette (…)

Don’t Look Up
Les lointains descendants du premier acteur de la première photographie animée - un jockey noir sur un cheval - exploitent un petit business de dressage de chevaux pour le cinéma et la télévision. Frère et sœur (Daniel Kaluuya et Keke Palmer) coincés dans une vallée perdue de bout du monde américain, ils tentent de placer leurs canassons sur des tournages hollywoodiens. Las, en lieu et place des films, des publicités médiocres, et en ces lieux fordiens par excellence, point (…)

Appetite for Destruction
L’amour étant beau et fragile, il faut s’acharner à le protéger, semble nous rappeler à la fois le titre du film et sa séquence inaugurale.
L’œuvre débute par une longue séquence balnéaire, qui évoque un peu par sa beauté et sa grandiloquence musicale la scène de clôture de « Nous ne Vieillirons pas Ensemble » de Maurice Pialat (Tindersticks ici, Haydn chez l’autre). Dans un cas comme dans l’autre, la beauté de l’instant ne masque que très mal ce que peut avoir (…)

Le Souffle de la Discorde
S’il est un cinéaste prometteur en Europe depuis quelques années, c’est bien cet homme là. Ils sont peu nombreux ceux capables de mêler un véritable langage à soi cinématographique, avec un talent narratif indéniable, sans jamais verser dans la complaisance ou la facilité. Rodrigo Sorogoyen cherche, creuse et trouve, même en empruntant des intrigues archi visitées, de l’assassin en série au scandale politique.
A l’exception de « Madre » (2019) où il s’était (…)

Pour Quelques Notes de Plus
Peut-on imaginer plus belle existence que celle du plus célèbre compositeur italien du 20ème siècle (et au-delà) : une vie faite de musique et de cinéma.
Ce documentaire fleuve (2 heures 30 tout de même) se penche longuement sur la vie et l’œuvre d’Ennio Morricone : la densité des deux justifie probablement la longueur du film, mais s’il est difficile de prendre en défaut la musique du maestro, l’on peut faire quelques reproches au film.
Ennio est né à Rome (…)

Portrait de la Jeune Fille en Feu
Dans une triste nuit d’octobre comme on en vit en moyenne montagne à cette morne saison, est assassinée une jeune fille. Un crime sans nuance, d’une sauvagerie totale, puisqu’elle est brûlée vive.
Yoan (Bastien Bouillon, exceptionnel), fraîchement promu à la PJ de Grenoble, se saisit de l’enquête. Nul voyeurisme, on ne s’attarde pas, il n’en demeure pas moins que l’on se prend très fort à l’image les dix premières minutes, entre l’assassinat, la (…)

L’Amour et le Hasard
Pour peu qu’on en ait vu quelques uns, on oublie que Rohmer a aussi fait tourner à ses débuts de vrais professionnels et non des plus ou moins amateurs maniérés (Arielle Dombasle !). Et cela ne dénature nullement son cinéma. Cette nuit clermontoise fait ainsi se croiser Françoise Fabian, Marie-Christine Barraut et Jean-Louis Trintignant, acteurs indiscutablement chevronnés.
C’est l’hiver 1969, et s’il est glacial, il n’empêche pas de sortir et de se frayer un peu (…)

Cette Sacrée Vérité
On savait le cinéma de Dupieux pour le moins personnel et original, mais porteur d’une morale, c’était plus rare et pas forcément toujours flagrant. Il n’est pas à exclure non plus que le réalisateur livre ici certaines inquiétudes à la fois plus personnelles et universelles.
Il y a d’abord comme une atmosphère de conte de fées dans ce nouvel opus. Un couple plus tout jeune (Alain Chabat, Léa Drucker), sans enfants, ont le coup de foudre pour une maison aussi (…)

Alors on danse ?
Le film s’ouvre sur le frémissement d’un ballet sur le point de commencer, la salle se remplit quand les coulisses ne sont que bruissements inquiets et impatients des petits rats. La caméra s’attache aux pas d’Elise (Marion Barbeau), amoureuse et pleine de grâce et qui sortira pourtant de cette première à l’opéra le cœur brisé et la cheville en miette.
Interdite provisoirement d’amour et de danse, attention, c’est là que tout de suite ça dérape : Elise va devoir « se (…)