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« Chronique d’une Liaison Passagère » d’Emmanuel Mouret

lundi 19 septembre 2022, par Sébastien Bourdon

Sensible aux Effusions

Simon (Vincent Macaigne) n’a jamais trompé sa femme en 20 ans de mariage et c’est sa rencontre avec Charlotte (Sandrine Kiberlain), mère célibataire libérée, qui va le faire basculer. Les caractères sont fort bien dessinés dès l’ouverture : à elle la fougue et l’audace, à lui la timidité et la gaucherie.

Dans ce film, la femme décide, l’homme ne s’en plaint pas, mais il est quand même sacrément bousculé par ce tourbillon de liberté et de sensualité.

Il n’y a pas de mal puisqu’il ne s’agit que de se faire du bien. Les amants ont décidé de se refuser à la gravité. Ils ne se feront pas de peine et n’en feront d’ailleurs à personne.

Ils se parlent beaucoup, tout tourbillonne en eux et autour d’eux. Ça va vite, très vite, on saute de date en date. La caméra ne voit qu’eux : les amoureux sont seuls au monde. Les lieux mêmes ne sont habités que de leur présence, comme le rappellera une magnifique série de plans fixes à la fin du film.

Cette causerie continue, presque aussi enthousiasmante pour eux que le sexe - qu’on ne voit jamais - a ses interdits (que le sexe, justement n’a pas) : puisque tout doit rester léger, il leur est impossible d’exprimer l’inévitable gravité des sentiments. Lorsque de tels mots sont au bord des lèvres, ils y restent suspendus puisque tel est le pacte.

Évidemment, les histoires d’amour finissent mal (en général), et l’audace comme la légèreté se heurteront à ces obstacles usuels que la vie crée immanquablement. Mais Emmanuel Mouret n’est pas un moraliste, et ses personnages ne sont pas là pour se voir asséner une pesante leçon sur l’existence. Le réalisateur n’opte pas non plus pour une posture d’entomologiste qui regarderait de haut la comédie humaine.

Film très écrit, il n’en est pas moins admirablement filmé, quand bien même ce serait millimétré. Les leçons de Truffaut comme de Lubitsch ont été bien intégrées. Emmanuel Mouret maitrise l’art d’exprimer avec justesse une pudeur de sentiment qui se refuse à être maquillée outrageusement.

Sébastien Bourdon

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