Accueil > Francais > Cinéma > « Avec Amour et Acharnement » de Claire Denis

« Avec Amour et Acharnement » de Claire Denis

dimanche 4 septembre 2022, par Sébastien Bourdon

Appetite for Destruction

L’amour étant beau et fragile, il faut s’acharner à le protéger, semble nous rappeler à la fois le titre du film et sa séquence inaugurale.

L’œuvre débute par une longue séquence balnéaire, qui évoque un peu par sa beauté et sa grandiloquence musicale la scène de clôture de « Nous ne Vieillirons pas Ensemble » de Maurice Pialat (Tindersticks ici, Haydn chez l’autre). Dans un cas comme dans l’autre, la beauté de l’instant ne masque que très mal ce que peut avoir d’infernal toute mécanique amoureuse.

Sara (Juliette Binoche) et Jean (Vincent Lindon) s’aiment d’amour tendre et passionné. Plus si jeunes, chacun trimballe ses failles et ses blessures, ses regrets et ses échecs, mais ils roucoulent. A l’écran, seule la musique semble d’abord inquiétante : de suspens il y a peu à l’image et c’est comme si la bande-son tenait absolument à nous prévenir en continu de ce que tout ça va mal finir. On a connu procédé cinématographique plus subtil.

La menace va s’incarner dans Francois (Grégoire Colin), ex amant pour elle, ex ami et partenaire de travail pour lui. Nos deux principaux protagonistes ont en somme tous deux eu une affaire avec lui, et ça ne s’est pas très bien passé (prison pour l’un, désespoir amoureux pour elle).

Et sans qu’on comprenne bien pourquoi, tant ledit François est falot, chacun va s’acharner à exposer leur histoire d’amour à ce revenant, au risque évident et inévitable d’y mettre fin dans la sueur et les larmes.

Et l’amour devient alors un affrontement avec soi en ce qu’il vous révèle dans votre misère et vos faiblesses que, de surcroît, on fait endurer à l’autre. Sentiment immanent, il permet la mauvaise foi jusqu’au mensonge, donnant lieu à des scènes de ménage assez crédibles dans ce que ce genre de situations peut avoir d’épouvantable.

Mais, et c’est un mais majeur, le film ne fonctionne pas, s’étire, enchaîne des moments mal écrits, nonobstant quelques éclairs de justesse (cf. supra). Très souvent, on n’y croit pas, on se fatigue d’intrigues secondaires (les mésaventures du fils et de la mère de Jean), on baille devant ce calvaire petit-bourgeois tantôt convenu, tantôt absurde. Cet acharnement à foncer dans le mur donne envie de prendre la tangente.

Sébastien Bourdon

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.