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« La Nuit du 12 » de Dominik Moll

dimanche 17 juillet 2022, par Sébastien Bourdon

Portrait de la Jeune Fille en Feu

Dans une triste nuit d’octobre comme on en vit en moyenne montagne à cette morne saison, est assassinée une jeune fille. Un crime sans nuance, d’une sauvagerie totale, puisqu’elle est brûlée vive.

Yoan (Bastien Bouillon, exceptionnel), fraîchement promu à la PJ de Grenoble, se saisit de l’enquête. Nul voyeurisme, on ne s’attarde pas, il n’en demeure pas moins que l’on se prend très fort à l’image les dix premières minutes, entre l’assassinat, la découverte du corps et l’abominable nouvelle donnée aux parents.

C’est l’histoire d’une fille assassinée, une petite amoureuse au cœur d’artichaut, morte peut-être seulement d’être femme comme le dit sa meilleure amie. Et c’est un monde très masculin qui se saisit de cette violence aussi banale qu’énigmatique. Une police peuplée de mâles pas toujours finauds, mais surtout épuisés par un système aussi paupérisé qu’absurde.

Débordés par un travail harassant et mal payés, ces hommes vacillent, au bord de la rupture, et pas seulement amoureuse : « chaque enquêteur a une histoire qui le hante, un crime qui fait plus mal que les autres et qui l’empêche de dormir ».

Yoan ne parvient pas à comprendre qui a pu commettre ce crime, ni pourquoi. Et au fond, où se terre ce mystère si profondément ancré en chacun et qui provoque parfois cette volonté d’éradiquer l’autre féminin.

Le flic droit, taisant et obsessionnel (sa seule distraction connue, enchaîner les tours de piste à vélo), posera la question en des termes presque désuets : « il y a quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes ».

Subtil et profond, le film se démarque d’un discours simpliste contemporain - type tout s’explique par la « dictature du patriarcat » - pour se plonger dans les méandres et la noirceur des âmes humaines.

Finalement, pour en sortir, ne faudrait-il pas simplement commencer par bien nommer les choses ? Contre les maux, il faut des mots. « C’est important les mots » jette dans un souffle Marceau (Bouli Lanners). Il y aurait là un chemin escarpé vers la lumière (et en tout cas un grand film).

Sébastien Bourdon

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