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Skål !!!

« Love is all you need » de Susanne Bier

mardi 8 janvier 2013, par Sébastien Bourdon

Les Beatles – le meilleur groupe du monde – nous ont prévenus il y a un moment déjà, la seule chose dont on a réellement besoin, c’est de l’amour. C’est peut-être un peu idiot comme constat, mais je n’en doute pas une seconde. J’y ajouterai également quelques déclinaisons, comme l’élégance, la délicatesse et la tendresse. Miracle de Noël, ce film contient tout cela et plus encore.

A peine sorti et déjà presque disparu des écrans, trouver une salle qui le donne encore tenait de l’exploit (merci au Saint-Lazare Pasquier). Cette disparition des films sur grand écran à rythme accéléré m’aurait presque fait baisser les bras en 2012, me contentant surtout du lecteur de la maison, qui me garantit au surplus de regarder les films avec quelqu’un que j’aime bien (et qui ne mange pas de popcorn). Mais l’attrait de la salle obscure reste fort n’est-ce pas.

Une fois installé dans la salle, je constate être pratiquement le seul mâle alentour, il est vrai que la comédie romantique est généralement plus prisée de la gent féminine. Qu’importe, j’assume et même milite. En lisant la critique du Monde et en voyant la bande-annonce, j’ai su que ce film allait me réjouir, au surplus ardemment motivé que j’étais par une envie de commencer l’année avec une vision de citronniers au bord de la Méditerranée.

L’histoire peut se résumer ainsi, une quarantenaire danoise, coiffeuse de son état et sortant tout juste d’une chimiothérapie consécutive à un cancer du sein, découvre que son mari la trompe avec une plus jeune (et moins abîmée). L’incident survient au moment même où elle s’apprête à partir marier sa fille dans le Sud de l’Italie, périple au cours duquel elle rencontrera le père du promis de sa fille, riche veuf inconsolé, en colère contre la terre entière. Evidemment, cette rencontre bouleversera leurs deux existences.

La comédie, surtout si elle est romantique et menacée de ce fait d’un excès d’eau de rose, de respecter un cahier des charges assez strict en terme de mise en scène et d’interprétation. La réalisatrice danoise Suzanne Bier s’y attelle et, dès les premières images, par un subtil travail de renforcement des couleurs, l’on saisit que l’entreprise, si délicate soit-elle, sera sérieuse. Jouant du contraste entre le Danemark et l’Italie du Sud, sans rejeter l’un ou l’autre, le film oscille ainsi subtilement entre bonne humeur et relative gravité, à l’image de son héroïne.

Surtout, ainsi passée brillamment l’épreuve de la mise en scène et de la photographie – somptueuse –, tout tient à l’exceptionnelle interprétations des acteurs, Trine Dyrholm et Pierce Brosnan en tête. Je ne sache pas que l’on ait déjà vu l’ex James Bond aussi remarquable. Interpréter avec subtilité est l’exercice le plus beau et le plus noble de l’acteur, il en apporte l’éclatante démonstration par sa seule façon de se mouvoir en entrant à nouveau dans la maison autrefois occupée avec sa femme défunte. Toute la peine du monde, mais avec la plus grande dignité.

Quant à Trine Dyrholm, je ne savais rien de cette actrice dont Alec Baldwin aurait déclaré qu’elle était la plus grande comédienne au monde. Rien de plus beau qu’une femme qui se refuse au désespoir quand tout devrait la convaincre de la vacuité brutale de l’existence. Je peine à trouver mes mots pour la décrire, elle m’a ravi et bouleversé, tout simplement.

Sans aucune prétention, le film aborde ainsi la maladie, la mort, la sexualité, et n’élude pas la violence des rapports, qu’ils soient familiaux ou de classes. Comme le déclare Pierce Brosnan après une échauffourée sur la piste de danse, « mais c’est très bien, c’était mérité (he had it coming) ». Ainsi va l’existence, dans les fjords, comme au bord de la Méditerranée.

La délicatesse, c’est peut-être de parvenir à être touchant en restant drôle, et à l’issue de la séance, j’avais un peu de sel au bord des yeux, comme un ultime remerciement pour ce moment délicieux.

« Pourquoi je vis, parce que c’est joli » (Boris Vian).

Sébastien

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