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« Adieu Berthe – L’enterrement de Mémé » de Bruno Podalydès

jeudi 19 juillet 2012, par Sébastien Bourdon

Qu’est-ce que vouloir ?

Les films de Bruno Podalydès se distinguent du tout-vent de la comédie française par une forme de comique absurde et par la description tendre et cruelle de cette province si proche de Paris : Versailles et ses environs. S’agissant de ce dernier opus, une première sensation s’impose : les trois premiers quart d’heure comptent parmi les plus drôles qu’il m’ait été donnés de voir au cinéma depuis fort longtemps. Si la drôlerie, c’est le rythme, il est impeccablement tenu, et l’on rit donc sans discontinuer, toujours avec élégance, cela va sans dire.

C’est ainsi que tous les effets comiques du cinématographe sont passés en revue, les gags visuels, l’humour absurde (le patronyme d’un volcanologue devient source inextinguible d’effets comiques), les bons mots et la drôlerie poétique (Denis Podalydès arpentant les rues de Chatou sur sa trottinette à moteur, visuellement, c’est déjà hilarant). On est dans la joie pure, et ce d’autant plus qu’elle respire l’intelligence. C’est bon de pleurer - de rire - parfois.

Et puis, sans s’effondrer quand même, le film se délite un peu, perd de sa rigueur et semble vagabonder. Comme marqué par la figure de son héros, personnage incapable de faire des choix, le réalisateur semble un peu chercher la sortie de son film. Bruno Podalydès nous expliquera que le film a d’abord été rédigé scène par scène, sans vue d’ensemble, avec son frère Denis. Ici se trouve peut-être l’explication des limites que semble trouver le film sur sa continuité.

Sur la voie de l’errance poétique, le film ne nous perd toutefois pas totalement, grâce notamment aux interprètes, tous exceptionnels. Les rôles principaux sont tenus avec une légèreté et une aisance qui impressionne, Valérie Lemercier rappelle ainsi qu’elle est une immense actrice (en plus d’être très belle). Et Denis Podalydès est peut-être le meilleur acteur français de cette génération, mais on le savait déjà. Le reste de la distribution est à l’avenant, empêchant tout délitement de l’œuvre et perte définitive de ses spectateurs.

Au surplus, dans ce film, la grâce est rarement superfétatoire, elle surgit fréquemment et notamment dans une promenade silencieuse de couple à vélo, rappelant qu’il n’est pas de moyen de déplacement terrestre plus élégant, surtout si on est une fille en robe d’été.

L’auteur, dans la présentation de son film au public, fut à l’image de son œuvre, extrêmement drôle et éminemment sympathique. J’ai réussi à lui placer une référence tintinophile fort bien dissimulée dans le film qu’il avait lui-même oublié, on a les instants de gloire que l’on mérite.

Évidemment, le film est en réalité très triste, parce passe le temps comme le chante Mouloudji, et que l’on n’y peut grand chose si ce n’est subir en riant.

Sébastien Bourdon

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