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A dream within a dream...

jeudi 19 août 2010, par Sébastien Bourdon

J’ai parfois trouvé que les enfants de certains amis de mes parents étaient cruellement dépourvus de la fantaisie de leurs géniteurs. Il s’agit peut-être là d’un phénomène générationnel, je ne sais pas.

C’est en tout cas le sujet du très joli film de Marc Fitoussi, Copacabana. Une mère fantasque et farfelue découvre cruellement que sa fille unique et adorée n’aspire qu’à une tranquillité provinciale et bourgeoise. Elle décide donc de manière absurde de rejoindre les moutons pour reconquérir le cœur du fruit de ses entrailles : et pour cela, elle se lance dans la vente d’appartements en multi-propriétés à Ostende.

C’est donc par une de ces soirées d’août où Paris est déserté de ses habitants - et la maison de ses enfants - que nous avons rejoints le Balzac pour voir ce film, sorti en juillet. Charmante séance de rattrapage dans un cinéma refait à neuf, où nous nous sommes lovés dans de confortables fauteuils de cuir pleine peau. Quelques bande annonces, pas de publicité (enfin si, une, pour BlackBerry... mettant en scène un groupe de rock, n’importe quoi donc). Je vous recommande le Balzac ces jours ci, je n’ai jamais été aussi bien assis dans ma carrière de cinéphile, on se serait cru dans la salle de projection personnelle de Tony Soprano.

Pour en revenir au film, en France (et en Belgique), on n’a pas de moyens, mais on a des êtres humains qui font parfois un remarquable travail. Ainsi, on avait oublié (si jamais on l’avait même su) qu’Isabelle Huppert pouvait être franchement hilarante, littéralement réjouissante. Mais l’actrice est d’une justesse extrême, au plus près d’un personnage parfois inconscient, mais jamais inconsistant. Par un simple regard comme capturé par accident, Huppert nous donne toute la joie ou toute la misère du monde. Le reste du casting s’aligne, étonnamment pas écrasé par la diva. Sa propre fille (dans la vie comme dans le film, Lolita Chammah) se mesure avec héroïsme à sa mère. Et c’est également toujours un plaisir - trop rare – que de voir Luis Rego (et Noémie Lvosky !).

La description faite du monde de la vente est terrifiante (mais y a-t-il plus dégradant comme activité humaine que de vendre ?). Aure Atika, plutôt bombe sensuelle, se transforme ainsi de manière inattendue en une sorte de monstre froid et fragile. Totalement investie dans son activité professionnelle imbécile, elle en oublie de vivre, en écrasant les gens, sans réaliser le gouffre dans lequel elle s’enfonce elle-même.

Dans cet univers absurde, le surgissement de cet être presque pur qu’est le personnage d’Huppert est profondément réjouissant.

Sinon, nettement moins bien installés au Pathé Wepler, cernés par les gens, on a vu Inception de Christopher Nolan. Ne nous méprenons pas, c’est juste un blockbuster, l’habillage ne parviendra pas à nous faire croire que c’est un film terriblement intelligent. Pour être poli, on va dire que c’est habile et diablement bien réalisé. Le film prend le spectateur par la main, le charme (tout est "beau", avec même quelques belles idées esthétiques), le séduit, l’emballe en permanence. Ce qui est somme toute assez logique s’agissant d’un film sur le contrôle des rêves. L’entertainment pur ne lâche jamais sa proie et ce n’est pas déplaisant. Toutefois, on est loin d’une révolution cinématographique ou d’une quelconque réflexion sur le monde dans lequel on vit (Nolan est bien meilleur quand il filme Batman finalement).

Tom Hardy et Joseph Gordon-Levitt dans Inception

Pour le reste, j’y ai même trouvé certaines de ces scories américaines et puritaines insupportables. Ainsi, la femme, si elle est sensuelle et désirable, est dangereuse (Marion Cotillard, plutôt bien). En revanche, si elle est toujours bien couverte et réfléchie, c’est une héroïne. Le soin particulier apporté par le réalisateur à faire en sorte que la délicieuse Ellen Page ne soit surtout pas sulfureuse force le respect. Si elle sort de l’eau toute mouillée, elle porte une parka et un jean, on ne risque pas d’être émoustillé. De la même manière, vous ne le saviez pas, mais dans les universités parisiennes, tout le monde parle anglais (voire est américain).

Le film offre quand même l’occasion de découvrir un superbe comédien, Joseph Gordon-Levitt, à qui j’ai trouvé une élégance et une classe folle. Il écrase à chacune de ses apparitions ses petits camarades de jeu, tous assez falots. Il ne lui manquait pas grand-chose pour me piquer ma femme à cet empaffé.

Sébastien

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