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The power of the riff compels me

mardi 8 avril 2008, par Sébastien Bourdon

Down, le groupe mené par l’ex-Pantera Phil Anselmo, était de passage à Paris... Seb n’a pas manqué ce rendez-vous de qualité... Comment ça va les oreilles d’ailleurs ?

Discussion de trentenaires pères de famille sur un canapé audonien samedi soir :

 moi : « Et tu te protèges les oreilles toi ? »

 Bertrand : « Systématiquement, c’est indispensable. »

 Moi : « Tu ne les enlèves pas de temps en temps ? »

 Bertrand : « Si, je veux dire pendant, je ne sais pas moi, par exemple « The number of the beast », tu ne vas pas garder des boules Quiès ! »

Les mêmes et d’autres, le lendemain, au Bataclan pour le retour parisien de Down, à l’origine « supergroupe » devenu vrai groupe, puisque affichant maintenant trois albums au compteur, où se croisent allègrement les fantômes de Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et Pantera, revivifiés par les toujours de ce monde, Crowbar et Corrosion of Conformity.

En cet assaut tardif du général hiver, Down, cet impressionnant panel de types chevelus et poilus tout juste émergés des boues de la Nouvelle-Orléans (« New Orleans is a dying whore ») a réussi à transformer le Bataclan en une étuve.

On est dans le lourd, l’efficace, on a affaire à des vedettes, des vraies. Alors, je pourrai vous raconter un bon concert de metal, mais bon, je l’ai déjà fait. Je pourrai même vous raconter un bon concert de Down, mais sur ça aussi, vous m’avez déjà lu. Bref, « been there, done that, got the tee-shirt. »

Mais je ne résiste pas à l’envie de vous parler encore de Phil Anselmo, frontman sidérant de ce groupe de soudards. On parle de qui d’abord, on parle du type qui chantait/vociférait dans Pantera, qui nous promettait l’ouverture des « cemetary gates » dans un monde « fuckin’ hostile » au sein duquel la seule solution était « walk, be yourself, by yourself, stay away from me ». Pantera, groupe aux effets cathartiques sur la colère et la frustration.

Et puis, évidemment, les portes du cimetière se sont ouvertes, Dimebag Darrel (guitare) est mort assassiné, Anselmo a échappé à l’overdose et Pantera n’est plus qu’une affiche dans une salle à manger, évocation de beaux souvenirs.

Mais Phil est toujours vivant et s’il revenu de tout, il n’a rien du zombie hagard. Juste, de sa bouche jaillit parfois la voix des morts (comment ne pas penser à Layne Staley ?), colère mélancolique.

Sur scène, il entre et s’impose immédiatement, baraqué tatoué toujours au bord de la rupture, cultivant une surprenante attitude scénique d’arrogante générosité. Il se dresse devant une armée de guitares, harangue, remercie mille et une fois encore, nous défie d’être à la hauteur du mur du son et nous inonde de son affect débordant. Il chante tout, magistral, arpente presque simiesque la scène. Moi je le regarde ébahi, pleure presque lorsqu’il évoque la mémoire de Dimebag et me sent foncièrement touché par ses remerciements au public parisien, comme s’ils étaient à moi adressés, directement.

Alors, bon, on est vieux, on n’a pas enlevé nos boules Quiès (enfin si, un peu quand même pendant « Stone the crow », « Learn from this mistake » et autres « On march the saints »). Mais, c’est vrai que le son était fort et que ces tricotages de guitares à réveiller Thin Lizzy n’étaient peut-être plus pour nos oreilles fatiguées (et puis je déteste avoir les oreilles qui bourdonnent).

Pour la fin du dernier morceau (« Bury me in smoke »), les membres du groupe s’étaient fait remplacer par les roadies féminines du groupe, tout ça était fort sympathique. Puis, la scène s’est vidée, mon frère et moi nous sommes rués plus près encore, Anselmo, maintenant presque seul, a soudain repris le micro. Il nous a chanté, a cappella, une dernière chose : « Way down inside, woman, you need LOVE ».

Dehors, il neigeait à gros flocons. En somme, c’était encore Noël. En même temps, c’est con, j’aurais du m’acheter le bonnet plutôt que le tee-shirt de Down.

Seb

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