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Sapristi

« Le Secret de la Licorne » de Steven Spielberg

mardi 15 novembre 2011, par Sébastien Bourdon

Autant le préciser tout de suite, dès le début, je suis tintinophile depuis tout petit. Pas acharné, mais je suis quand même du genre à me pâmer devant une édition originale de « Tintin au Tibet » et j’ai de nombreux ouvrages de et sur Hergé dont j’espère qu’ils seront un jour rares (et chers). Bref, l’association Spielberg et Hergé ne pouvait qu’éveiller ma curiosité (et celle de ma progéniture).

Le film ayant fait l’objet d’un intense matraquage publicitaire, avant même de s’asseoir dans la salle, l’on savait déjà à quoi allaient ressembler les protagonistes en passant du papier à l’animation numérique. Mes deux fils étaient alors formels : « ils sont moches ». Quand on est jeune, on est intègre et pas qu’un peu. Nous n’avons point vu la version 3 D, mais force est de constater que ce système de motion capture avec des vrais acteurs était quand même celui qui était le mieux à même de servir l’œuvre originale. Tintin a pris vie sous nos yeux, c’était presque aussi touchant que le « Spiderman de Sam Raimi. C’est d’ailleurs au début du film que le spectateur trouvera le plus de poésie, avec un générique beau comme du Saul Bass revu par Hergé et, juste après, un très joli hommage de Spielberg au dessinateur de Tintin.

Globalement, la première heure est d’ailleurs très réussie, l’ambiance bruxelloise petit vingtième (siècle) est délicieuse et les péripéties de nos héros ont l’entrain et la sobriété des albums type « ligne claire ». Le problème est qu’ensuite le film s’emballe terriblement, Spielberg faisant plus de clins d’œil à sa propre œuvre qu’à celle supposée l’inspirer. Les scènes d’action se bousculent, fatiguent l’œil et l’âme, et on décroche quelque peu de ce qui se passe sur l’écran, alors que celui-ci se charge singulièrement. Alors que l’œuvre d’Hergé semble se remplir de bruit et de fureur, il semble que Spielberg s’auto-caricature maladroitement. Il y a même un combat de grues, autant dire, n’importe quoi.

C’est assez dommage, parce que certaines scènes touchent au sublime, notamment une très belle errance dans le désert de Tintin et du capitaine Haddock. Pour dessiner le sable ou la neige, Hergé avait du génie (sans doute aidé par la dépression) et les dessinateurs et animateurs ont ici fait œuvre créative et respectueuse. De la même manière, certains passages, même en 2 D, ont un rendu visuel tellement palpable que l’on croirait pouvoir toucher l’image : à un moment, le plus jeune de mes fils s’est d’ailleurs dressé sur son siège, bras en avant, pour empêcher de tomber d’une table des objets brinqueballés par le roulis du bateau. C’était beau comme la sortie des usines Lumière.

Le Secret de la Licorne est donc un objet un peu boiteux, à moitié réussi, vraisemblablement du fait de la volonté de l’auteur de plaire à tout le monde, et la vision du film ne se justifie que si vous avez des enfants (au cas où vous auriez eu un doute).

Sébastien

P.S. toujours à propos des enfants, vu avec eux en séance de rattrapage sur l’écran familial, une des dernières productions Dreamworks, Dragons. Le film est charmant et drôle, et parfois même point trop laid. En revanche, voilà une maison de production qui prend les enfants pour des demeurés. Le langage est en effet effarant, nos héros vikings ne s’expriment que par des « mortel », « trop bien » et autres « ça déchire ». Sur ce terrain, le Tintin de Spielberg emporte haut la main la palme du vernis culturel.

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