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« Indomptables » de Thomas Ngijol
dimanche 15 juin 2025, par
Les Rues de Yaoundé
Dans la nuit sombre de la capitale camerounaise, un flic se fait descendre : le commissaire Billong est chargé de l’enquête et va devoir trouver mobile et coupables, dans une ville bordélique et corrompue.
Évidemment, l’enquête patine et les méthodes, disons discutables, des condés ne se révèlent guère efficaces. On « chicotte » du toxico, mais l’état de délabrement des prévenus ne permet d’obtenir que des pistes aux allures de cul-de-sac.
La police est donc à l’image des services publics locaux : rien ne fonctionne correctement, sauf en trichant, et encore.
La trame est archi classique, mais le polar est un genre plastique, et Thomas Ngijol (à la fois co-scénariste, acteur principal et réalisateur) parvient à livrer une œuvre éminemment personnelle et originale.
La grande force du film tient à l’enracinement dans un lieu et à un personnage principal englué dans son travail comme dans la gestion maladroite de sa famille. Il n’y a pour lui de paix nulle part et les méthodes employées - parfois brutales - finissent le plus souvent par aggraver les choses.
On lit ça et là que Ngijol aurait pour la première fois ici renoncé à être drôle, peut-être, mais cette description du chaos camerounais n’est quand même pas dénuée d’humour.
Le réalisateur, sans avoir l’air d’y toucher, fait surtout montre d’une capacité à la nuance. Pas d’esbroufe ni d’entourloupe, les rapports humains sont compliqués, et même avec lui-même, Billong a des problèmes.
Il se présente en effet d’abord avec les atours d’un mâle toxique, mais rien n’est simple et son humanité maladroite dessine en creux un tout autre personnage. Le film dresse finalement le portrait subtil d’un homme étonnamment attachant, évoluant au sein d’un territoire qui ne l’est pas moins.
Sébastien Bourdon