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« Les Musiciens » de Grégory Magne
mardi 13 mai 2025, par
Accords et Désaccords
Le film commence dans le corps même d’un instrument de musique, au cœur de la machine dont les cordes vont faire vibrer les personnages.
Astrid (Valérie Donzelli), une riche héritière à l’esthétique vestimentaire et intellectuelle impeccable, a décidé de poursuivre l’œuvre de son paternel mélomane en formant « from scratch » un quatuor à cordes pour interpréter l’œuvre enfouie d’un compositeur qui était cher à son géniteur.
Elle a les instruments, rares et anciens, mais surtout chers (très chers puisque Stradivarius), elle recrute ensuite les musiciens, assemblage de personnalités hétéroclites ayant pour dénominateur commun d’être tous des musiciens exceptionnels. A charge pour eux d’être à même d’assurer un unique concert avec seulement sept jours de répétitions en lieu clos (coquet).
Las, un quatuor ne se décrète pas et l’assemblage de circonstance va connaître quelques frottements, et pas seulement de cordes.
Toute la finesse d’écriture de ce film se relève immédiatement : avec un tel pitch grand était en effet le risque de ne construire que des personnages aux allures d’archétypes, en forçant sans cesse le trait pour provoquer l’effet comique voulu.
Il n’en est rien, on se refuse ici à la caricature grossière pour préférer l’esquisse, subtile et suffisamment marquée pour que rien ne nous échappe des enjeux.
Comment ces personnalités si diverses et antagonistes, ces larrons pas vraiment en foire vont-ils parvenir à faire corps pour jouer ensemble, tel est à la fois le léger suspens et l’enjeu majeur de l’histoire.
Film sur l’art de composer avec les autres pour parvenir à jouer quelque chose, est laissée une large place à la musique, ce qui se justifie particulièrement tant sont remarquables les compositions de Grégoire Hetzel.
Bonus rare : le casting est composé d’acteurs également musiciens accomplis, ce qui donne une sensation de réalité tangible aux scènes de répétitions (Mathieu Spinosi, Emma Ravier, Daniel Garlitsky, Marie Vialle).
Il n’y a donc pas grand chose à débiner en sortant de la salle, tant l’œuvre est subtile et élégante sans discontinuer.
Sébastien Bourdon