Accueil > Francais > Cinéma > No one here gets out alive

No one here gets out alive

« When you’re strange » de Tom Di Cillo

mardi 6 juillet 2010, par Sébastien Bourdon

J’en reviens toujours à cet été de mes 20 ans – ou bien était-ce celui de mes 19 – où, dans un hypermarché de banlieue, j’avais acheté les cassettes qui ont constitué le ciment de la bande-son de mon existence. Il y avait les Doors sur la route des vacances de cet été là, en l’occurrence le premier album The Doors (1967) , et le dernier, LA Woman (1971).

J’ai vraiment adoré ce groupe, jusqu’à en trouver formidable à sa sortie le film d’Oliver Stone inspiré de l’existence de Jim Morrison (The Doors 1991). Je ne veux surtout pas revoir ce film.

Et j’ai vraiment adoré Morrison (il est vrai que les musiciens morts, c’est bien, c’est l’univers des possibles irréalisés) jusqu’à en acheter et lire ses recueils de poèmes.

Et puis, un jour, je ne sais pas, j’ai du être moins malheureux, j’ai durci les guitares et je suis passé à autre chose. J’en étais venu à trouver Morrison un peu fat et à me fatiguer de l’omniprésence de l’orgue dans la musique des Doors. Et puis, il faut bien le reconnaître, les musiciens morts sortent peu de nouveaux albums.

Ce qui m’amène, à la quarantaine frémissante, un dimanche soir dans un cinéma de quartier pour voir un documentaire sur ledit groupe, réalisé par Tom Di Cillo, cinéaste que j’ai également beaucoup aimé dans ma jeunesse (Box of Moonlight en 1996 notamment). Trop rares sont les occasions de voir un film sur le rock n’ roll dans une salle obscure en France. Ca n’intéresse personne dans la mesure où Kad Merad ne joue pas dedans.

Et là, on est dans le rock festif, la fin des années 60 en Californie, soleil, mer, nature, filles toutes nues, sexe, drogue et rock n’ roll. En réalité, on le sait bien maintenant, cette volonté festive de changement s’est très vite heurtée à une violence endémique et omniprésente : à la même époque, on dézinguait les pasteurs noirs et les frères Kennedy, sans oublier de tirer sur les étudiants. En plus, tout cela a peu duré, la même génération a inventé les junk-bonds et les subprimes dès qu’elle a enlevé ses chemises à fleurs sentant bon le patchouli.

Le documentaire, uniquement composé d’images d’archives, nous ramène dans cette époque, sans en occulter l’aspect kaléidoscopique et le commentaire – dit par Johnny Depp – est remarquable de concision et de sobriété. Les faits, rien que les faits.

Et Jim Morrison. Ephèbe démoniaque et nonchalant, parfois à la limite de la clownerie, il brûle l’écran comme il a incendié les scènes. Même à la fin (à 27 ans !), devenu gras et barbu, il reste incandescent. Mais si le film retrace très précisément sa trajectoire météorique, on sort de la salle sans avoir réellement percé le personnage. Je ne saurais ainsi déterminer s’il était totalement abruti ou complètement allumé. Ou les deux. Mais qu’importe, à une époque où l’on veut tout savoir, il n’est pas gênant de se souvenir que la beauté se cache parfois dans le mystère.

Des mots, de la musique, je ne connais pas grand-chose de mieux.

« For the music is your special friend

Dance on the fire as it intends

Music is your only friend

Until the end »

The Doors, « When the music’s over »

Sébastien

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.