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« Un Été à Berlin » d’Andreas Dresen (2005)

vendredi 8 août 2025, par Sébastien Bourdon

Le Monde au Balcon

Berlin, anciennement Est, année 2004, deux jeunes femmes, dans une trentaine plus ou moins avancée, se débattent dans un quotidien parfois complexe.

L’une, Katrin (Inka Friedrich), 39 ans et demi, comme elle le précise à chaque entretien d’embauche, est mère célibataire d’un jeune ado. Elle tente sans grand succès d’entrer dans le marché du travail, avec ses appétences le plus souvent inutiles de décoratrice et peintre du dimanche.

Sont accrochées chez elle certaines de ses toiles, des maisons aujourd’hui disparues, indice de ce que si le film s’inscrit dans son immédiate contemporanéité, l’Est devenu fantomatique reste présent.

L’autre, Nike (Nadia Uhl), un peu plus jeune, est pleine d’une énergie dévorante : assistante de vie pour des personnes âgées coincées à domicile, elle vient à vélo chez eux assurer soins et réconfort, se refusant souvent à n’être que l’exécutante efficace qu’attend son employeur.

Pimpante, avec son invariable string qui dépasse de son jean taille basse, elle donne un peu de couleur à la vie de ces vieux allemands de l’ancien Est, plus ou moins cabossés par l’existence.

Les deux amies habitent le même immeuble, et aiment à partager leurs joies et leurs peines sur la petite terrasse de Nike, jusque tard dans la nuit, aidées par une quantité parfois déraisonnable d’alcool.

Les quelques figures masculines de cette histoire sont le plus souvent assez lamentables, veules et marqués par la petitesse d’âme (seul le fils de Katrin donne un peu de foi en l’avenir).

Si les deux amies se mettent parfois copieusement sur la figure, lorsque les événements se durcissent elles trouvent entre elles un espace de tendresse et d’attention essentiel.

Avec énormément de subtilité, sans lourdeur idéologique, le réalisateur saisit des êtres, mais aussi un lieu et une époque. Cet été berlinois traversé par des femmes qui, comme la société allemande, se cherchent encore un peu, possède un charme longuement persistant.

Sébastien Bourdon

Messages

  • Un film quasi culte pour toutes celles et ceux qui auront connu le Berlin de cette époque. Pas encore totalement disparu, même si le prix de l’appart concerné, sur Paul-Lincke-Ufer, a dû être multiplié par 3 ou 4 depuis la sortie.

  • Une erreur de localisation s’est glissée dans mon dernier message : le film se déroule bien, comme Sébastien le suggère, dans l’ancienne partie Est de la ville, à l’angle Raumerstraße / Dunckerstraße. Un quartier qu’on appelait alors LSD (Lychener-, Schliemann-, Danzigerstraße), mais qui ne mérite sans doute plus ce sympathique acronyme.
    Quoi qu’il en soit, il me paraissait important de ne pas laisser le doute planer parmi les lecteurs et les lectrices de ces chroniques.
    Au passage, le coefficient multiplicateur n’est plus 3 ou 4, mais 5 ou 6.

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