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Merci Monsieur Paul

lundi 14 décembre 2009, par Frank Leprince

Franck nous emmène à Bercy où il semble avoir passé une excellente soirée en compagnie d’un ex Beatles : le seul et l’unique Paul McCartney. Récit d’un concert enivrant.

Oui, je sais j’écoute Taake et Gorgoroth. Je sais que j’ai préféré aller écouter Godseed plutôt que Saint-Vitus lors du Hellfest 2009, une hérésie ! Mais je suis capable de verser une larme, comme Sébastien, en entendant le maître Ronnie James Dio chanter Heaven and Hell. Alors, pour aller au bout de ces apparentes contradictions musicales, je suis heureux aujourd’hui de vous délivrer cette chronique, non pas sur Immortal ou Burzum mais sur ... Sir Paul McCartney !

Je vois certains regards se détourner, considérant qu’il ne peut y avoir que les Stones. Faisons fi de ces luttes dignes du Moyen-Age (n’oublions pas que, lors de la diffusion devant 200 millions de personnes du All you need is love, Mick était là dans ce public béat à chanter en choeur que décidément nous n’avons besoin que d’amour pour vivre).

Alors, en préambule et pour fixer le décor : hier soir, j’ai assisté à un des plus beaux concerts de rock and roll de ma vie.

Il y a vingt ans, j’étais déjà à Bercy pour écouter Sir Paul. J’ai depuis pris (beaucoup) de kilos et perdu (beaucoup) de cheveux. Et Paul ? Dire qu’il n’a pas changé est un euphémisme. Le rock and roll, le vrai, serait-il source de jouvence ? On peut en douter en voyant d’autres légendes, mais lui reste le même, capable d’enchainer à un rythme effréné les plus beaux standards de l’histoire de la musique pendant près de 2h40.

Dès le premier titre, Paul nous a pris dans son piège. Comment ne pas partir en vrille avec un « Magical Mystery Tour » envoyé de main de maître ? Réveillez-vous, celui qui a créé ce chef d’oeuvre en 1967, était là en chair et en os pour interpréter un titre que les Beatles ensemble n’ont jamais joué en concert. Me remettant à peine de ces premières larmes d’émotion, « Drive my car » déboulait à vitesse grand V.... Bercy est au bord de l’apnée, que le fan soit âgé de 10 ou de 70 ans.

Bien entendu, nous avons également eu droit à des titres extraits de la carrière solo de Sir Paul. Tous ces morceaux qui ont bercé mon enfance, mon père m’initiant aux albums des Wings. J’ai pris un plaisir incroyable à réécouter « Jet », « My love » et que dire de « Band on the run » déchainant un Bercy au bord de l’explosion et d’un « Live and let die » endiablé.

Mais revenons à ces fabuleux titres écrits sur seulement une courte période de sept ans. Car oui, il ne faut pas l’oublier. Pendant sept ans, le monde musical a retenu sa respiration à chaque sortie d’un album des Beatles. Qui peut se vanter pendant une période aussi courte d’avoir sorti autant de standards aussi divers les uns que les autres. Quand Sir Paul chante « Eleonor Rigby », il peut enchaîner sur « Obladi oblibada » ! Ce titre fantaisiste (pas tant que ça en fait puisqu’il signifie en Yorumba "la vie continue". Bande d’incultes, la tribu Yorumba se trouve au Nigéria) a rendu hystérique les fans béats de Bercy. Que dire d’un « Blackbird » tout simple, Paul à la guitare, seul, et Bercy chantant à l’unisson.

Et puis, à mi-concert, votre chroniqueur a vécu sa plus belle et grande émotion, ses larmes ont été impossibles à contenir. Je n’aurai jamais espéré entendre d’un Beatles la plus belle chanson d’amour de tous les temps (dixit Franck Sinatra). Alors même si son sublime auteur est mort, entendre "Something" dans un Bercy retourné, avec un son parfait, et bien entendu des photos de Georges passant en boucle sur les écrans géants, chanté par celui qui considérait Georges comme son petit frère, reste le Moment de ce concert. On atteignait le sublime.

Bien entendu, les classiques "The long and winding road" et "Let it be" furent joués. Plus étonnant, nous avons eu le privilège d’entendre « A day in the life », Paul jouant donc enfin avec bonheur des titres de John, concluant ce masterpiece par un « Give peace a chance » inattendu ! Et « Day Tripper »...

La suite fut incroyable avec deux rappels inimaginables. Paul nous hurle "vous voulez du rock and roll ? vous allez en avoir" et nous assène (dans le désordre, désolé) un « Helter Skelter » rendant totalement folle ma voisine de gauche (dont le look me laisse penser qu’elle devait être au Hellfest en juin dernier !), « Paperback writer », « Back in the USSR », « Get Back » ou « Lady Madonna ».

Alors n’est il pas facile pour Sir Paul d’avoir dans son répertoire des morceaux lui permettant de finir le concert au cours d’un second rappel commencé par un « Yesterday » incontournable et terminé par le final du « Sergent Pepper’s lonely heart club band » et par « the END » ? « the love you take is equal to the love you make ... »

Des regrets ? oui que le concert n’ait pas duré dix heures de plus pour entendre « Penny Lane », « Here there and everywhere », « The fool on the hill », « When I’m sixty four », « Revolution »... en résumé, tout !

J’ai pensé à Sébastien, car je sais qu’il aurait partagé mon émotion, ou encore à mon beau-fils qui n’entendra jamais tous ces chefs d’oeuvre chantés par un Beatles. Mais j’ai partagé ce moment inoubliable avec ma femme... définitivement inoubliable.

Merci Monsieur Paul.

Franck Leprince

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