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Le département de la peur

« Monsters University » de Dan Scanlon

mercredi 4 septembre 2013, par Sébastien Bourdon

Quoi de mieux pour faire digérer le principe même de la « rentrée » à sa progéniture que la projection d’un film des studios PIXAR qui aborde justement ce moment légitimement redouté. Mais ici, le postulat est inversé, les élèves dont il est question sont plein d’enthousiasmes à l’idée d’apprendre à faire peur.

Pour ceux qui l’ignoreraient, ce nouvel opus estampillé PIXAR ramène sur les écrans les héros du film « Monsters Inc », réalisé par les mêmes studios en 2001. Ce précédent film, particulièrement réussi, partait d’une idée à la fois effrayante et poétique, l’existence d’un univers parallèle au nôtre, peuplé de monstres de toutes sortes et couleurs, qui se fourniraient en électricité en faisant peur aux enfants la nuit dans leur sommeil.

Réitérer un tel succès esthétique, scénaristique et drolatique était périlleux, surtout en ces temps où PIXAR, depuis racheté par Disney, semblait marquer le pas, comme normalisé par la souris aux grandes oreilles. Faire une suite laissait donc à craindre à une inutile réitération bassement commerciale doublée d’un étouffement sous le merchandising à outrance, comme a pu en être victime le film « Cars » et sa resucée (une ode à la bagnole alors que l’on va bientôt passer au gaz de schiste, quelle drôle d’idée quand même).

Le film ne reprend pas l’histoire là où on avait laissé nos héros, étant constitutif d’un « prequel » comme on dit à Hollywood (et dans les gazettes spécialisées). L’idée est de reprendre la narration au début et même avant (suis-je clair ?). On remonte donc dans le temps pour découvrir comment Sully et Bob sont devenus des « terreurs d’élite », à même de générer une sacrée trouille aux enfants. Pour cela, il a fallu passer par l’université, institution que nous découvrons alors avec eux.

C’est ainsi que sont dynamitées sous nos yeux toutes les valeurs traditionnelles des « collèges » américains, jusque dans la forme même du film (les universités constituant en effet un thème traditionnel du cinéma américain, de la comédie de mœurs au film d’horreur). Le cinéphile averti (en vaut deux) notera notamment un clin d’œil au « Carrie » de Brian de Palma (1976). En effet, loin de faire l’apologie de l’apprentissage laborieux sur les campus et de la vie en communauté, le film prend fait et cause pour les exclus, les doux poètes, ceux qui ne brillent pas en sport et se font fort discrets dans les soirées étudiantes, effrayés qu’ils sont de frayer avec leurs semblables si différents. Jaillit ainsi une infinie tendresse pour ceux qui ne seront jamais cools et qui pourtant un jour, accompliront de grandes choses. La revanche des polards en somme.

Je ne l’ai point vu en 3 D, ça me donne mal à la tête, et en ai goûté les charmes et saveurs dans sa version française, et pourtant je ne crois quand même pas en avoir perdu une miette, de l’émotion et du rire, le tout parfaitement porté par la musique de Randy Newman (dont l’œuvre a toujours été drôle et mélancolique, difficile donc de trouver compositeur plus adapté).

Sébastien

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