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Le côté sombre du cinéma américain

jeudi 6 mars 2008, par Sébastien Bourdon

Je ne sais pas si c’est la perspective d’être de plus en nombreux, de manière exponentielle dans les années à venir, qui pousse les cinéastes américains contemporains à revenir aux grands espaces déserts. En tout cas, il y a comme un retour de flamme et de forme sur ces territoires vierges ou presque.

Après le Sean Penn, nous avons vu hier soir le dernier opus des frères Coen, No Country For Old Men, en attendant le Paul Thomas Anderson (tourné, ça ne s’invente pas, à quelques mètres d’écart).

Parce que voilà, une fois encore, durant la projection, j’ai ressenti un frisson dans l’échine, une stimulation intellectuelle. C’est bien quand même le cinéma qui ne prend pas le spectateur pour un con.

Fans hébétés du Big Lebowski, passez éventuellement votre chemin, c’est un retour à la violence sèche, à l’humour noir de Fargo qu’il vous est proposé. C’est juste un peu plus brutal encore, plus rude, plus âpre. Avec une teinte nouvelle : la mélancolie (le titre - magnifique - est on ne peut plus clair sur ce plan). La tendance est donc à l’abattement devant un monde incompréhensible et là encore, le salut ne passe pas par le retour à la nature (dans le film des frères Coen, elle a même été dès l’ouverture ou presque le théâtre d’un carnage).

Il subsiste néanmoins la beauté de ces paysages américains, filmés comme un paradis perdu.

Si Sean Penn ne voyait pas de salut pour la jeunesse, les frères Coen enterrent également le rêve américain des vieux. Tommy Lee Jones, dans la continuité du personnage magnifique qu’il avait créé dans son sublime film Trois Enterrements, campe avec une tristesse digne ce flic du milieu de nulle part, désabusé et désespéré de la violence d’un monde qu’il ne comprend plus.

Le mal absolu, Anton Chigurh, est ici fabuleusement incarné par Javier Bardem qui n’a clairement pas volé son Oscar. Son look phénoménal est en totale adéquation avec ses dialogues parfaitement absurdes et savoureux. Il est drôle et terrifiant et plus ça va, plus il est surtout terrifiant. L’acteur espagnol incarne à la perfection une violence que rien n’arrête, quelque chose de parfaitement inéluctable. Ma voisine adorée m’a littéralement ravagé les mains et les avant-bras à chaque apparition de ce tueur psychotique. J’ai fini par lui supprimer d’ailleurs.

Voilà, ce soir on continue dans le sanglant avec le dernier Tim Burton et dans l’expectative d’une prochaine séance avec le There Will Be Blood de P.T. Anderson.

“If you want blood, you’ve got it” Bon Scott (RIP) AC/DC.

Seb

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