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« Dites-lui que je l’aime » de Romane Bohringer

dimanche 21 décembre 2025, par Sébastien Bourdon

La Mère Morte

Avoir une bonne histoire à raconter, c’est déjà pas mal, mais deux, qui de surcroît font écho l’une à l’autre, il devient alors difficile de résister à la tentation de faire film de l’ensemble, pour peu qu’on ait les compétences.

Romane Bohringer - dans son propre rôle - a un jour découvert dans le livre autobiographique de Clémentine Autain - dans son propre rôle - avoir connu peu ou prou la même enfance que la députée.

Filles de femmes nées dans les années 50, disparues trop tôt dans le tumulte des années 80, abîmées par des débuts dans la vie merdiques, leurs aspirations artistiques frustrées, un goût un peu trop prononcé pour la fête, les alcools forts et les drogues dures.

Les deux descendantes, l’artiste et la femme politique, restent des enfants blessées, traumatisées par le syndrome de l’abandon.

Saisie par cette similitude de parcours, Autain s’étant libérée de son parcours par la littérature, Bohringer décide d’en faire un film hybride, entre reconstitution de moments vécus, restitution avec acteurs de souvenirs d’enfance, interviews des vivants, visite aux morts via les lieux et les films Super 8 etc.

Las, l’enfer est pavé de bonnes intentions et ce n’est pas ce film qui contredira l’adage. De nombreux écueils viennent en effet l’entraver, et certains jusqu’à générer une gêne persistante.

La forme hybride de l’œuvre pourrait avoir son charme, mais tout ne fonctionne pas de manière égale : ainsi, rejouer le déjà vécu en faisant comme si on était dans l’immédiateté de l’instant se révèle le plus souvent terriblement artificiel.

De surcroît, le manque de distance de la réalisatrice avec son sujet aboutit à certains moments à des étalages - certes gentillets - d’ego un peu indigestes (regardez comme tout le monde est super autour et avec moi !).

Le film s’en sort toutefois avec honneur, d’abord par l’intensité de certaines séquences, qu’elles soient recréées ou authentiques, mais surtout par le portrait de ces femmes fantômes qui hanteront jusqu’à la fin leur progéniture.

« Tout est facile. Sauf peut-être de consoler une minute celui qui est resté enfermé en nous, qui n’a pas grandi, qui ne grandira jamais, qui n’arrête pas d’appeler au secours. »

Sébastien Japrisot, « La Dame dans l’auto avec des Lunettes et un Fusil »

Sébastien Bourdon

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