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« Tout ce que le Ciel Permet » de Douglas Sirk (1955)

dimanche 14 décembre 2025, par Sébastien Bourdon

La Veuve Joyeuse

Cary Scott (Jane Wyman) est une jeune veuve sémillante, figure locale d’une petite communauté WASP de la Côte Est des Etats-Unis.

Ses deux enfants sont grands, mais entourent toujours leur mère de beaucoup d’affection, escomptant néanmoins qu’elle se décide à épouser un jour un de ces riches barbons barbants qui hantent leur microcosme social.

Cary esquive au mieux le piège, et ce n’est pas toujours aisé, tant certains lourdauds se trouvent soudainement désinhibés après deux cocktails.

Car il n’est d’âme solitaire qui ne finisse par trouver à se poser, la citadine qu’elle est tombe sous le charme d’un jeune jardinier vivant au grand air selon les principes d’Henri David Thoreau (Rock Hudson).

Viens chez moi voir pousser mes sapins, et voilà que les deux s’éprennent fortement l’un de l’autre, tout à l’enthousiasme naïf de leur amour neuf.

Las, les choses se compliquent et se tendent singulièrement lorsqu’ils décident d’officialiser leur idylle au sein de la petite société mondaine de Cary, qui a en réalité tout d’une prison à ciel à peine ouvert.

On aurait tort ici de s’arrêter à la forme - Technicolor haut en couleurs et décors on ne peut plus chamarrés - mais comment ne pas le faire tant esthétiquement le film est une véritable splendeur.

La puissance artistique de Douglas Sirk réside dans cette capacité à ne pas noyer la brûlure des sentiments dans cette bulle colorée.

Non seulement il y parvient, mais même sous la reconstitution factice criante, il fait l’apologie du retour à la nature comme du refus de renoncer aux sentiments.

C’est dans ce cadre lumineux que l’héroïne devra apprendre à se défier des faux-semblants pour enfin goûter à l’amour vrai. La vie est un souvent un mirage, dans lequel se glissent parfois des surgissements de réel bouleversants.

Le film est si beau qu’il pourrait presque faire oublier « Elle et Lui » de Leo Mc Carey (1956 - qui part quand même avec l’avantage majeur d’un casting un peu insurpassable : Deborah Kerr et Cary Grant).

On relèvera que « Tout ce que le Ciel Permet » fit l’objet de deux variations sur le même thème chez deux cinéastes ouvertement admirateurs de Sirk : « Tout les Autres s’appellent Ali  » de Rainer Werner Fassbinder (1974) et « Loin du Paradis » de Todd Haynes (2002).

Douglas Sirk disait que l’on arrête le film mais que la vie continue : ses propres œuvres ont même poursuivi leur chemin chez d’autres.

Sébastien Bourdon

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