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Everybody walk the Dinosaur

Red Fang – le Glazart, le 29 novembre 2012

vendredi 30 novembre 2012, par Sébastien Bourdon

La scène métallique est comme toutes les autres, il lui faut du sang frais, une sensation du moment, une « next big thing ». Le groupe Red Fang se rattache indéniablement à ce concept, sans l’usurper. Ils deviennent de plus en plus importants, avec force bons albums, une imagerie superbe et surtout énormément d’humour, leurs clips sont ainsi à se tordre. A l’instar d’AC/DC ou Suicidal Tendencies en leur temps, ils rencontrent un incroyable succès en France et ne cessent donc de se présenter à nous, à Paris, comme en province (en passant par le Hellfest natürlich).

Ce soir, c’est modestement dans la petite salle du Glazart qu’ils viennent présenter leur sludge rigolo et funky. C’est complet, alors qu’ils étaient à Paris il y a encore peu de temps, mais également à Colmar (entre autres cités de notre belle province). D’aucuns les taxeraient peut-être de groupe pour bobos, il est vrai qu’ils sont bien trop marrants pour être doom, mais l’âpreté de leur son et la rudesse de leurs compositions n’en fait quand même pas pour autant un groupe qui sera chéri aux Batignolles.

Alors qu’ils sont précédés d’une réputation scénique grandissante, je me réjouis de les revoir, après les avoir succinctement découverts une première fois en ouverture de Mastodon. La place de ce soir m’a été offerte par un jeune qui, depuis que je le fréquente, ne cesse de développer des capacités d’analyse juridique de plus en plus pertinente et, simultanément, une mélomanie de plus en plus sûre. C’est peut-être lié finalement, mais j’en doute.

Le jeune étant occupé, c’est avec un peu de retard que nous rejoignons le Glazart, sorte de préfabriqué planté porte de la Villette, entouré d’un peu de verdure et de tables en extérieur, donnant un charme berlinois à l’ensemble auquel je ne fus pas insensible. Bon, en nous garant derrière, nous avons quand même commencé par être poursuivis par des rats, dont l’un tenait un pot de yaourt entre ses dents (anecdote authentique).

Une fois entrés, une première constatation s’impose, on va être serrés devant la scène et on n’aura pas froid (en hiver, ce n’est pas plus mal me direz-vous). La population est majoritairement masculine, avec le poil et le cheveu très libres, un peu comme le jeune qui m’a pris ma place.

Alors que nous baguenaudons au stand du merchandising - j’ai pris un bonnet plutôt qu’un tee-shirt, c’est plus de saison - la deuxième première partie, le groupe anglais Hark, décoche ses flèches (désolé, pas pu résister). Si l’ensemble est sympathique et sonne bien, il n’en est pas moins un peu brouillon.

Et puis, Red Fang, tranquillement prend son tour, et s’apprête à jouer devant un public conquis. Le groupe est particulièrement rôdé, puisqu’il tourne sans cesse un peu partout depuis près de deux ans, à la suite de la sortie de leur deuxième album, le particulièrement savoureux « Murder The Mountains » (2011). Ils sont donc aiguisés, mais on les sent quand même un peu moulus, se laissant quelques respirations entre les morceaux, dans l’étuve qu’est très vite devenue le Glazart.

Un concert permet souvent de mieux appréhender la musique d’un groupe et je me rends compte à l’écoute joyeuse de leur musique combien elle est riche et variée, bien plus subtile que ne le laisserait croire une écoute rapide. Des extraits des deux albums sont joués, et même quelques nouveautés prometteuses, qui permettent de garder la foi dans le futur du rock n’ roll (carrément).

Le show est minimaliste, le spectacle est presque plus dans la salle où l’on slamme beaucoup, sous une très faible hauteur de plafond, mais à cœur vaillant, rien d’impossible. Et puis, pour ce qui est du festif, on tutoie carrément les sommets avec les titres « Prehistoric Dog » et « Wires ». Tout le monde chante et danse, il règne un enthousiasme proche de celui d’un concert de Maiden.

Les gars de Red Fang ressemblent au pire cauchemar d’une jeune fille : blancs comme des cachets d’aspirine, adeptes d’un « no look » de bon aloi, ils sont plus ou moins gros, pas franchement musclés, poilus ou privés de toute pilosité, certains portent des lunettes quand d’autres souffrent d’une calvitie naissante au milieu d’une subtile désorganisation capillaire. Pourtant, à les regarder évoluer devant moi, face à un public déchaîné, je réalise qu’évidemment nous ne conquérons jamais le monde, mais du coup on en a créé un à nous, et où l’on se sent fort bien ma foi.

Nous avons appris le même jour que Red Fang serait au Hellfest 2013, joie de les revoir.

« Time to kiss your ass goodbye »

Sébastien

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