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Chi va piano, va sano e va lontano

Rafal Blechacz : piano, salle Pleyel, mardi 7 juin 2012

jeudi 9 juin 2011, par Sébastien Bourdon

Ce soir, on fait dans le récital de piano, au pied du bureau. Je ne connaissais rien de ce pianiste, mais il me fut conseillé à la billetterie. Moins spécialiste que dans d’autres matières, j’ai donc suivi l’avis du guichetier.

Nous voilà donc au pied de Pleyel, à l’heure des concerts de grande musique, où l’on voit alors l’angle Hoche – Saint Honoré, déjà pas furieusement jeune et rock n’ roll, se remplir d’une population claudicante et bien mise. La population âgée et aisée de ce type de programmation musicale me laisse à penser que si le genre n’est pas mort, il est à tout le moins vieillissant.

Surtout, nonobstant mon affection pour un style avec laquelle j’ai été biberonné, il me semble que le goût pour la musique classique dans l’occident contemporain relève de la convention bourgeoise. Un tel postulat est évidemment un peu caricatural, mais il m’apparaît que le genre aurait bien besoin d’être secoué, dans sa représentation comme dans son interprétation. Heureusement qu’il y a des gens comme Laurence Equilbey ou Alexandre Tharaud.

Le concert évoqué en ces lignes m’a justement fait penser à cette atmosphère un peu poussiéreuse. Ainsi, je n’avais pas vraiment regardé ce qui était prévu au programme, et les compositeurs retenus m’auraient peut-être dissuadé d’en être. Mozart et Chopin, c’est quand même un peu la tarte à la crème, et je préfère Schubert. Certes, furent également joués Debussy et Karol Szymanowski (inconnu chez moi à ce jour), compositeurs qui se sont révélés plus intéressants à l’écoute.

On était divinement placés, à l’arrière-scène, ce qui donne un point de vue inhabituel sur l’artiste et sur le public. Seul bémol (haha), les spots en se refroidissant ont émis de manière continue un cliquetis au-dessus de nos têtes. Je ne sais s’il s’agissait d’imiter les grillons du festival de la Roque d’Anthéron, mais c’était dans ce cas là raté, et en tout cas quelque peu agaçant. On se demande comment une telle absurdité technique peut ne pas être réglée dans une salle aussi prestigieuse.

Mais je m’égare, revenons-en au pianiste et à ses gammes. Le jeune Blechacz est indiscutablement brillant, virevoltant et impressionnant (et coiffé comme une rock star d’un lycée du 17ème arrondissement). Toutefois, si les déluges de notes étaient impeccablement joués, on ne ressentait pas ou peu de folie. Certes le musicien, dans ses choix, s’est un peu éloigné des standards des compositeurs retenus, il a fait deux rappels, mais l’ensemble m’a semblé manquer d’allant, de prise de risques. Il paraît que ce garçon verse beaucoup dans le Chopin, une telle résolution artistique peut également expliquer que l’ensemble ne m’ait pas bouleversé.

Bref, on a écouté tout ça agréablement, mais l’âme a ronronné gentiment.

Sébastien

Messages

  • Mozart et Chopin "tarte à la crème", il ne faut pas être très musicien dans l’âme pour dire cela ! Quant au grand Chopin, il ne peut bouleverser -c’est sûr - que les véritables artistes. Car il faut une certaine sensibilité pour l’apprécier...
    Blechaz - si vous ne connaissez rien de ce pianiste - est, je vous l’apprends, Premier Prix à l’unanimité du Concours Chopin 2005, ce qui requiert tout de même une certaine qualité d’interprétation... C’est en tout cas un très grand qui mériterait un public à sa hauteur !

    CD

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