Blood Incantation + Minami Deutsch - L’Elysée-Montmartre le 7 mai 2025

Les tokyoïtes de Minami Deutsch ouvrent le bal avec un krautrock millésimé. Le quatuor joue une musique hypnotique plutôt inspirée, qui s’étire au cours de longues jams propres à la transe.

Gentiment daté, vaguement actualisé, mais plaisant. C’est agréable à écouter sans faire d’ombre à la tête d’affiche, autrement plus maousse.

A l’entracte, on croise dans la salle la crème de la fine fleur française du métal contemporain : les guitaristes de Maudits et Witchorious (l’un portant un teeshirt aux armes de l’autre, si c’est pas mignon). Le spectacle de ce soir regroupe les exigeants, à n’en pas douter.

L’excitation palpable gagne la foule : le succès grandissant rencontré par Blood Incantation - sans que jamais le groupe ne se départisse d’une intégrité artistique sans failles - attise les appétits, sachant qu’il ne s’agit ce soir que de la deuxième date parisienne de l’histoire du groupe américain.

L’Élysée-Montmartre est donc plein comme un œuf, ce qui est d’autant plus remarquable que c’était la plus modeste Machine du Moulin Rouge qui devait les accueillir initialement. Ici comme ailleurs le death metal contemporain fait recette, il nous parvient finalement encore de bonnes nouvelles d’Amérique.

Lorsque la navette décolle vers la frontière des mondes connus, c’est tout de suite le rollercoaster émotionnel : solos stratosphériques à vous tirer des larmes, décharges speed à la violente efficacité, riffs tranchants et sanguinolents, le tout mélangé en empruntant des détours au sein d’espaces sonores aussi étranges qu’atmosphériques.

Blood Incantation plane à pas mal de coudées au-dessus du lot : musicalement, c’est très fort et sacrément riche, un peu comme si Slayer s’essayait au répertoire de King Crimson.

Alors que l’on s’approche de Sirius, dans le vaisseau tout le monde sourit : on aime le chaos par chez nous, particulièrement quand il est bien organisé.

Si les morceaux sont le plus souvent longs, la soirée est quand même passée bien vite. Mars n’est pas si loin en somme, nul besoin d’Elon Musk pour s’y rendre.

Sébastien Bourdon