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Iron Maiden + Avatar - Stadio Euganeo, Padova, le 13 juillet 2025
lundi 14 juillet 2025, par
Scream for me Padova ! Scream for me Italia !
Pour rejoindre le stade Euganeo, il faut traverser les habituels alignements de maisons coquettes de la banlieue de Padoue, pour se retrouver au milieu des champs où trône l’imposant bâtiment construit en 1994.
Aux abords de l’édifice sont installées des sortes de guinguettes provisoires. La musique y est assourdissante, on y sert de la bière Peroni et d’excellents sandwichs (et notamment un « delicato » de très bonne facture).
La foule venue en masse porte pour l’essentiel les tee-shirts aux couleurs des vedettes du soir, mais arborer une liquette frappée du logo d’un groupe local (Messa) me vaudra des félicitations.
La population n’est guère bigarrée, mais a au le moins mérite d’être multi-générationnelle. Ce qui est cohérent s’agissant sur cette tournée de fêter les cinquante ans (!) du groupe.
Les tee-shirts sont joyeusement à cinquante Euros, mais les échoppes du merch officiel sont prises d’assaut comme si, en Italie, on n’avait plus rien à se mettre.
A propos de tarifs, on est positionné au plus près de la barrière - et à un prix indécent - mais de la deuxième fosse, invention hérétique pour scinder plus encore les masses et leur soutirer des deniers. Mais quand même quelle joie que d’être là.
La sono résonne des hymnes de Ghost ou Rainbow et si la faute de goût n’est pas Maiden, elle peut toutefois l’être dans le choix de ses premières parties. Ainsi Avatar se révèle sans subtilité aucune, mélangeant des tas de trucs pour un gloubiboulga sonore sans intérêt. Ca se maquille, ça ondule des cheveux, mais ça ne sait pas écrire une chanson.
Avoir vu vingt fois Iron Maiden ne change rien, l’excitation reste la même à l’idée de recommencer encore. L’attente qui va nous porter jusqu’à 21 heures tapantes est interminable.
Pour s’occuper certains prennent un livre ou font en couple des mots fléchés, une belle démonstration du concept du calme avant la tempête.
On ne connaît personne et on est tout seul, mais qu’importe, dès les premières notes et mesures, on sera tous ensemble.
L’enthousiasme du public italien est évidemment tel qu’on se l’imagine : dès « Murders in the Rue Morgue », ça chante comme s’il avait écrit les chansons. Et comme toujours Maiden joue sans s’inquiéter d’autre chose que de son public, instrument indispensable à l’exécution de son art.
La set-list de cette tournée est une sorte de cadeau de Noël en juillet pour tout fan qui se respecte : sont tirés du chapeau des morceaux rares (« Phantom of the Opera », « The Clairvoyant », « Seventh Son of a Seventh Son »…) au milieu desquels trônent les hymnes (« The Number of the Beast », « The Trooper », « Fear of the Dark »…).
Le summum de la soirée réside probablement dans l’interprétation de leur pièce aussi maritime qu’épique - « The Rime of the Ancient Mariner » - qui fera même couler des larmes de sel aux yeux des fans sensibles.
Après deux heures d’enthousiasme collectif sans faille ni pause, le constat est sans appel : le groupe a cinquante ans, mais il a, comme son public, éternellement vingt ans.
L’homme à la voix d’airain, Bruce Dickinson, s’est ainsi émerveillé de cette foule qui s’était époumonée tout le concert, déclarant qu’en bons italiens, ils étaient évidemment tous chanteurs d’opéras.
La conclusion des festivités se fit sur « Wasted Years », rappelant au passage l’évidence des évidences :
« So understand
Don’t waste your time always searching for those wasted years
Face up... make your stand
And realise you’re living in the golden years »
Sébastien Bourdon