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Boys don’t cry

mardi 17 mai 2011, par Sébastien Bourdon

Filmer les enfants, l’exercice est difficile, l’on se trompe souvent, généralement en les montrant comme évoluant dans un univers mièvre. L’enfance est un moment étrange, et il est difficile de rendre compte cette traversée cinématographiquement parlant.

Après s’être attaquée à l’adolescence des jeunes filles dans le très beau Naissance des pieuvres, Céline Sciamma se penche ainsi sur cette période. Et son regard de cinéaste est juste et beau. L’opus rejoint indiscutablement le cercle très fermé de films comme L’argent de poche (François Truffaut - 1976) ou La guerre des boutons (Yves Robert - 1962).

Le film, tout au long de sa courte durée, moins d’une heure trente, reste au niveau des enfants. La caméra est ainsi placée comme si l’un d’entre eux filmait. Les adultes sont présents, mais ailleurs et parfois surgissent dans le cadre, décalés mais aimants.

Les premières images montrent ainsi l’enfant, la tête sortie par le toit ouvrant de la voiture, interrogé par son père en ces termes : « ca va là-haut ? ». Les pieds dans le sol mais la tête dans des nuages troublés.

L’enfant est un être qui s’interroge, sur le monde comme sur lui-même. Ici, sans aucune explication, une fille se rêve petit garçon au point de se faire passer comme tel auprès de ses nouveaux camarades de jeu. Le sujet pourrait être scabreux, il ne l’est pas une seconde et si des explications il doit y avoir, ce sera au spectateur de les trouver en lui.

Chaque plan est magnifique, la photographie caresse des petits acteurs prodigieux dans une belle lumière estivale. C’est peut-être le reproche paradoxal que l’on pourrait faire au film, il est presque trop beau, mais cela ne nuit pas au discours.

Tout est extrêmement juste dans cette étrange aventure, les rapports entre les enfants, leurs jeux, leur douceur, comme leur possible sauvagerie. L’enfance ce n’est pas facile, et savoir qui l’on est se révèle l’œuvre d’une vie.

Sébastien

P.S. dimanche, en notre bonne ville de Saint-Ouen, se poursuivait un festival de bande-dessinées. Il était notamment organisé en fin de journée une lecture de bande-dessinées par des acteurs (Michel Piccoli, Irène Jacob…) et auteurs (Riad Sattouf). Le dispositif était minimal dans la grande salle, les liseurs assis en arc de cercle, devant le grand écran aux couleurs changeantes, avec un fond sonore discret, adapté aux types des œuvres (Fred, Tardi, Goscinny, Lauzier, Brétécher, Peyo…).

Le moment était superbe et les comédiens prenaient visiblement un grand plaisir à l’exercice. Ainsi, Sattouf nous fit une lecture amusée et amusante d’extraits de Rahan (le fils des âges farouches !), mais dans laquelle on percevait toute l’affection qu’il portait à l’œuvre. Il fut également lu un extrait du Brouillard au pont de Tolbiac de Léo Malet, adapté par Tardi. Quand j’avais 20 ans, j’ai lu l’intégrale des œuvres de Malet, et cet extrait en scène m’a bouleversé, j’avais un peu oublié la beauté mélancolique de ce texte urbain et noir. Sous le choc, je reste d’ailleurs incapable de me remémorer qui le lisait.

Sinon, à 20 ans, j’étais amoureux d’Irène Jacob (La double vie de Véronique de Krystof Kieslowki). La voir en vrai, en petite robe noire, nous faisant la lecture avec une joie gourmande n’a pas éteint ce sentiment…

Enfin, rien que pour Piccoli lisant les Schtroumpfs (un extrait du plus bel album des bonhommes bleus, « Le Cosmochtroumpf », pour être précis), ce fut un moment précieux et rare.

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