Lost in Translation
Il y a bien une histoire, mais elle n’est pas forcément limpide : un québécois neurasthénique quitte son job dans l’administration pour retourner à Winnipeg (Manitoba), d’où il est originaire, et son chemin va croiser celui d’enfants à la recherche d’un billet sous la glace et d’un dindon voleur de lunettes.
Mais la richesse du propos filmique ne réside point là, même si des pistes se dessinent sur la neige du film. Il y a d’abord une esthétique : une image (…)
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« Une Langue Universelle » de Matthew Rankin
18 janvier, par Sébastien Bourdon -
David Lynch, extinction des feux
18 janvier, par Sébastien BourdonÀ l’époque, j’avais une fiancée grecque, on allait au théâtre de l’Odéon et au cinéma. Elle était un peu plus âgée que moi (et que la copine du moment de mon père), et plus aguerrie à l’exigence culturelle.
Un soir de 1997, dans le coin de Montparnasse, on est allés tous les deux voir « Lost Highway ». J’avais vu « Twin Peaks » à la télé et n’étais pas non plus complètement vierge du cinéma de David Lynch, mais cela reste probablement comme une des séances les plus intenses et mémorables (…) -
« Grand-peur et Misère du IIIe Reich » de Bertolt Brecht, mise en scène de Julie Duclos - Odéon, le 10 janvier 2025
14 janvier, par Sébastien BourdonMalheur à qui n’entre pas dans la ronde
Nous sommes en 1933 et nous n’irons pas au-delà de 1938, dans une Allemagne qui n’est pas encore entrée en guerre, mais a porté Hitler à la chancellerie. Dans une succession de saynètes s’attardant sur toutes les strates de la population allemande, Bertolt Brecht décortique l’implacable imprégnation de la doctrine nazie sur la société civile.
Se trouvent ainsi progressivement faussées les règles de droit comme de bienséance, et même les liens du (…) -
« Personne n’y Comprend Rien » de Yannick Kergoat
11 janvier, par Sébastien BourdonN’oubliez pas « Le Guide »
« Personne n’y comprend rien », comme l’affirme avec véhémence Nicolas Sarkozy - dont le titre du film reprend malicieusement une des saillies - mais c’est quand même beaucoup plus clair quand on nous explique patiemment, ce qu’entreprend de faire le documentaire.
Plantant devant sa caméra notamment les journalistes Fabrice Arfi et Karl Laske (Mediapart), Yannick Kergoat remonte méticuleusement le fil du financement de la campagne présidentielle de Nicolas (…) -
« La Fille dans la Vitrine » de Luciano Emmer (1961)
8 janvier, par Sébastien BourdonL’ouvrier et la Putain
Une petite troupe de jeunes italiens descend d’un train nuitamment pour aller rejoindre un campement de travailleurs aux Pays-Bas.
Vincenzo (Bernard Fresson) est l’un d’eux, et dès le lendemain matin, il descend à la mine pour y découvrir à la dure une vie qui ne l’est pas moins.
Il y fait la connaissance de Federico (Lino Ventura), avec lequel il vivra diverses péripéties, sous terre comme à l’air libre.
Un week-end, ils partent faire la nouba à Amsterdam et (…) -
« Mon Inséparable » de Anne-Sophie Bailly
5 janvier, par Sébastien BourdonVol au-dessus d’un nid de coucous
Pour peu qu’on aille beaucoup au cinéma, on voit beaucoup les mêmes figures, c’est quand même vachement une niche le métier d’acteur et peu nombreux sont les élus.
Laure Calamy a commencé figure de théâtre d’avant-garde et actrice de cinéma d’auteur et a finalement connu le succès populaire à l’arrivée de la quarantaine. Il semblerait qu’elle ne soit pas la seule, puisque talonnée sur ce podium de la réussite tardive par Virginie Effira et quelques (…) -
« Oh, Canada » de Paul Schrader
3 janvier, par Sébastien BourdonItinéraire d’un enfant gâté
Leonard Fife (Richard Gere) a été toute sa vie un réalisateur de documentaires audacieux, traquant inlassablement la réalité de son temps. Usant de son talent novateur pour pratiquer une forme d’activisme saluée par plusieurs générations, il a fini par devenir une figure de la contre-culture nord-américaine. Le film débute alors qu’il est au crépuscule de sa vie.
Mourant ou presque d’un méchant cancer, il accepte un long entretien testamentaire filmé par (…) -
« L’amante Anglaise » de Marguerite Duras - mise en scène de Jacques Osinski - Théâtre de l’Atelier, le 31 décembre 2024
1er janvier, par Sébastien BourdonTrain d’enfer
Dans plusieurs trains, on a trouvé des morceaux de cadavre, ceux d’une seule et même personne, Marie-Thérèse Bousquet. Grâce au « recoupement ferroviaire », on a découvert que tous ces trains étaient passés au dessous du pont d’un même bled, Viorne, et il fallut peu de temps sur place aux enquêteurs pour découvrir l’identité de l’assassin, Claire Lannes (Sandrine Bonnaire). La victime était sa cousine, sourde-muette hébergée au sein de son ménage depuis de longues années, y (…) -
« Vingt Dieux » de Louise Courvoisier
30 décembre 2024, par Sébastien BourdonSol Invictus
On taxe parfois le cinéma d’auteur français d’être germanopratin, ici nous sommes loin de Paris et de ses frasques, puisque dans un monde purement paysan, au cœur du Jura.
Si contemporain soit le film, surgissent très exceptionnellement des téléphones portables, mais leur rareté s’explique probablement par l’absence de réseau dans ces contrées rurales.
La caméra s’attache aux basques des gens d’ici, et plus particulièrement à celles d’Anthony dit « Totone » (Clément (…) -
« Leni Riefenstahl. La lumière et les ombres » d’Andres Veiel
29 décembre 2024, par Sébastien BourdonKunst über alles
Leni Riefenstahl était une femme exceptionnelle, artiste et inventrice de formes, elle révolutionna les techniques de représentation cinématographique du réel. Le problème est qu’elle a pour réaliser ses ambitions artistiques servi de véhicule rutilant à la propagande nazie. Proche d’Hitler, comme de Goebbels et Speer, elle a ainsi donné une représentation idéale du IIIème Reich par deux films restés dans les annales historiques et esthétiques : « Triomphe de la Volonté (…)