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« 5 Septembre » de Tim Fehlbaum

samedi 22 février 2025, par Sébastien Bourdon

Prime Time

Septembre 1972, dans une Allemagne qui s’appelait encore RDA, on célèbre dans l’allégresse les Jeux Olympiques en la bonne ville de Munich. Plus ou moins consciemment, cet affrontement pacifique des Nations doit réparer le souvenir des jeux de Berlin en 1933, annonciateurs idéologiques de la deuxième guerre mondiale et des massacres qui s’ensuivirent.

Las, une fois encore on assassinera des juifs en terre allemande, lors d’une prise d’otages de l’équipe israélienne fomentée par l’organisation terroriste palestinienne Septembre Noir.

Plutôt qu’une reconstitution minutieuse de cette tragédie, il est pris ici le parti de s’attacher aux basques de ceux qui l’ont suivie en direct, avec pour vocation de la restituer aux téléspectateurs du monde entier.

L’action réelle se déroule à quelques centaines de mètres et coincés dans la régie, les journalistes n’en voient à proprement parler rien. Leur tâche consiste à ne faire rien d’autre que d’organiser le chaos d’images et de son qui leur parvient pour restituer une histoire aux millions de téléspectateurs qui les regardent.

Cette contrainte physique - et scénaristique - permet au film d’échapper à beaucoup d’écueils qui pourraient le menacer, et notamment le sensationnalisme dans l’exploitation d’une histoire atroce. C’est même un heureux paradoxe que d’y parvenir en ne filmant que ceux qui, justement, courent après l’événement pour l’exploiter en direct.

Le souci de l’exactitude du réalisateur nous donne à voir une salle de rédaction en ébullition permanente, telle la salle des machines d’un navire lancé à plein régime. Et on voit un temps où l’information se faisait à la main, entre bobines à monter, liaisons téléphoniques bricolées, et lourdes caméras et micros à déplacer. Il y a un contact presque charnel avec le matériel, qui rejoint l’émotion difficilement maîtrisable face à l’information et à sa dramaturgie.

Ces contraintes techniques ajoutées à l’ampleur inédite de l’événement mettent les journalistes face à des dilemmes éthiques et moraux guère solvables dans l’urgence : que peut-on dire ou montrer, avec de surcroît si peu de temps pour y réfléchir.

«  5 Septembre » parvient au final à être efficace et pas idiot, ce qui n’est pas rien au regard de la délicatesse du sujet.

Sébastien Bourdon

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