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« La Fille dans la Vitrine » de Luciano Emmer (1961)

mercredi 8 janvier 2025, par Sébastien Bourdon

L’ouvrier et la Putain

Une petite troupe de jeunes italiens descend d’un train nuitamment pour aller rejoindre un campement de travailleurs aux Pays-Bas.

Vincenzo (Bernard Fresson) est l’un d’eux, et dès le lendemain matin, il descend à la mine pour y découvrir à la dure une vie qui ne l’est pas moins.

Il y fait la connaissance de Federico (Lino Ventura), avec lequel il vivra diverses péripéties, sous terre comme à l’air libre.

Un week-end, ils partent faire la nouba à Amsterdam et Vincenzo y fait la connaissance d’une jeune prostituée au cœur tendre sous le charme de laquelle il va tomber (Marina Vlady).

On ne juge pas un livre par sa couverture, ni un film par son titre, mais c’est hélas un des malheurs qui frappe parfois une des productions intellectuelles dont l’être humain a le secret.

L’intitulé du film laisse ainsi à penser que l’on va avoir affaire avec une énième comédie grivoise dont l’Italie abreuva les salles obscures durant de nombreuses années. Il n’en est rien et même au contraire, puisque s’y illustre sur fond d’acuité sociale une délicate sensibilité.

Est également donnée à voir une hybridation parfaitement maîtrisée du Néoréalisme italien et de la Nouvelle Vague française, entre proximité du peuple et errance sentimentale.

Ainsi, au mitan du film, quand de la semaine de labeur on passe au week-end, s’opère un radical changement d’atmosphère, puisque l’on sort du fond de la mine pour rejoindre le bord de la mer.

Évidemment, cette modification de perspective ne change pas grand chose à la dure réalité des choses, l’horizon ne cesse pas pour autant d’être bouché pour la classe laborieuse.

Si l’amour peut alors illuminer le quotidien, donner un peu d’espoir, il est aussi un lest supplémentaire qui empêche le départ ou la fuite.

Le lundi matin, la semaine minière doit reprendre, abrutissante et dangereuse, simplement cette fois, on descend dans les « Indes Noires  » (Jules Verne) en souriant.

Sébastien Bourdon