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« Mon Inséparable » de Anne-Sophie Bailly

dimanche 5 janvier 2025, par Sébastien Bourdon

Vol au-dessus d’un nid de coucous

Pour peu qu’on aille beaucoup au cinéma, on voit beaucoup les mêmes figures, c’est quand même vachement une niche le métier d’acteur et peu nombreux sont les élus.

Laure Calamy a commencé figure de théâtre d’avant-garde et actrice de cinéma d’auteur et a finalement connu le succès populaire à l’arrivée de la quarantaine. Il semblerait qu’elle ne soit pas la seule, puisque talonnée sur ce podium de la réussite tardive par Virginie Effira et quelques autres (et cela peut même durer dans le temps, ce qui est heureux, ainsi d’Emmanuelle Devos à Isabelle Huppert, cette dernière étant littéralement Indéboulonnable).

Cette occupation du domaine de l’écran, pour peu que l’acteur ou actrice concerné ait du talent, n’est pas un souci, sauf à être inutilement grincheux. Laure Calamy entre indéniablement dans cette catégorie, quand bien même on la rangerait souvent dans l’incarnation sur pattes de la chanson de Cookie Dingler (« Être une femme libérée, tu sais c’est pas si facile »).

Une fois de plus la comédienne a donc une croix à porter, celle d’être mère célibataire d’un enfant, Joël, frappé d’un handicap mental (Charles Peccia-Galletto). Jeune adulte, le garçon s’est épris d’une collègue de même condition et a même eu l’idée saugrenue de la mettre enceinte.

La mère courage, après des années de luttes diverses en solitaire contre vents et marées, se trouve face à cette nouvelle qui, légitimement, ne l’enchante guère.

Sur ce coup là, Laure Calamy emporte le morceau : impossible de la prendre en défaut dans cette cavalcade émotionnelle que lui inflige le scénario, elle passe par toutes les palettes des sentiments avec une maestria exceptionnelle.

Il n’y a d’ailleurs pas grand chose à reprocher à ce film, tant il est maîtrisé et le plus souvent d’une grande délicatesse.

On pourrait peut-être simplement l’interroger philosophiquement, car il ne questionne pas l’époque. En ces temps où l’on a décrété que tout le monde a le droit d’être éligible à tout, la question essentielle de la parentalité de ces deux handicapés est tranchée par le film dans le sens attendu : ils y ont droit puisqu’ils s’aiment.

Les colères et dénégations légitimes de la mère de Joël sont traitées avec empathie, mais au final balayées par les vents libertaires de l’époque.

Sébastien Bourdon

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