Paris (forme olympique)

Comme tout parisien de souche, on avait décidé de fuir en vacances sitôt les festivités olympiques commencées, confirmant là une conviction grincheuse de désintérêt pour la joie des masses, le sport et la perturbation de son quotidien.

Las, comme le rappelle la sagesse yiddish, « L’homme fait des projets, et Dieu rit ». Coincé à Paris et momentanément privé de vacances, on a essayé de persister à résister en allant au cinéma plutôt que de regarder la cérémonie d’ouverture.

On en a déjà parlé sur ces lignes, mais bon pour une génération qui devait se fader Johnny et Mireille Mathieu chaque fois qu’on célébrait un truc, les voir remplacer par Philippe Katerine et Gojira (feat. Marina Viotti), le replay, c’était un sacré choc.

Persistant toutefois à ne pas s’intéresser aux compétitions et se perdant parfois dans les débats absurdes qui ont suivi la fête, on a surtout réalisé que Paris et la France avaient réussi un sacré coup de pub sur le plan mondial.

Nos compatriotes n’ayant surtout pas décidé de cesser là l’étalage de richesse et d’audace, on découvrait enfin dans les médias les sites olympiques, dont la mise en place avait viré au cauchemar pour les voitures certes, mais même pour les cyclistes et piétons (les trottinettes devant être de toutes façons éradiquées).

Et il faut bien reconnaître que le beach-volley avec la Tour Eiffel en fond de scène ou l’escrime sous les voûtes du Grand Palais, ça a une allure folle et que cela donnait envie de s’intéresser à des trucs dont on ignore même les règles.

On s’est alors piqué de regarder les places restant à vendre, mais on a renoncé, les tarifs étaient délirants et la multiplicité de l’offre bien trop complexe à saisir pour le néophyte (comme sportifs célèbres des JO, je connais Nadia Comaneci et Carl Lewis, en gros).

Heureusement, il y a des écrans partout, et on s’est retrouvés un peu cueillis par la natation ou le BMX, deux activités qu’on a par ailleurs renoncé à pratiquer depuis l’âge de 14 ans.

Surtout, cette festivité générale dans une ville toujours au bord du risque muséal a contribué à créer un truc complètement inattendu pour les vieux parigots : l’atmosphère dans la capitale est incroyablement paisible et joyeuse. Même les flics, pourtant en nombre, sont super sympas.

Pour vérifier ce sentiment, avant de finalement quitter Paris, on a enfourché son vélo pour aller voir nuitamment scintiller la montgolfière au-dessus des Tuileries.

La rue de Rivoli est piétonne et noire de monde, le Louvre est cerné d’une foule pacifique et souriante, les jardins du Palais Royal sont envahis par les pique-niques. Et au-dessus de tout cela, dans la douceur d’un soir d’été flotte ce merveilleux objet volant, sous les yeux émerveillés des passants.

Paris persiste à boxer dans la catégorie supérieure, qu’on se le dise.

Sébastien Bourdon