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« Une Langue Universelle » de Matthew Rankin
samedi 18 janvier 2025, par
Lost in Translation
Il y a bien une histoire, mais elle n’est pas forcément limpide : un québécois neurasthénique quitte son job dans l’administration pour retourner à Winnipeg (Manitoba), d’où il est originaire, et son chemin va croiser celui d’enfants à la recherche d’un billet sous la glace et d’un dindon voleur de lunettes.
Mais la richesse du propos filmique ne réside point là, même si des pistes se dessinent sur la neige du film. Il y a d’abord une esthétique : une image volontairement vieillie, comme si le film avait été tourné en Super 8.
Le Canada hivernal donne de surcroît un charme indéniable à l’architecture minimaliste des lieux : immeubles monochromes, comme surgissant de la neige.
Enfin, une atmosphère d’étrangeté douce se crée immédiatement, rendue possible par des personnages immédiatement attachants, notamment les enfants dont le naturel sérieux convient parfaitement à ce petit théâtre absurde et poétique.
Au nombre des trouvailles, on relève surtout celle de ce Québec où la langue principale est devenue le farsi, le français étant relégué à des bribes de conversation, mais encore parlé par l’administration ou la publicité (un cauchemar pour les tenanciers de la théorie du « grand remplacement »).
Un film à la croisée de Jacques Tati et Aki Kaurismäki, qui a l’élégance d’être court sans cesser d’être sympathique, mais qui porte quand même un propos relativement indéfinissable.
Sébastien Bourdon