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« Oh, Canada » de Paul Schrader

vendredi 3 janvier 2025, par Sébastien Bourdon

Itinéraire d’un enfant gâté

Leonard Fife (Richard Gere) a été toute sa vie un réalisateur de documentaires audacieux, traquant inlassablement la réalité de son temps. Usant de son talent novateur pour pratiquer une forme d’activisme saluée par plusieurs générations, il a fini par devenir une figure de la contre-culture nord-américaine. Le film débute alors qu’il est au crépuscule de sa vie.

Mourant ou presque d’un méchant cancer, il accepte un long entretien testamentaire filmé par d’anciens élèves, en présence de sa femme (Uma Thurman), public auquel il a en réalité décidé de livrer sa propre version de son existence.

Le héros est fatigué et n’est peut-être tout simplement pas la figure mythique que l’on a fait de lui : aux portes du tombeau, il est pris d’un besoin de sincérité.

Il se lance alors dans ce qu’il imagine être une confession sans fard, mais que son esprit torturé par la souffrance et l’effacement du temps déconstruit, mélange et trahit.

Trahir, tel est bien la le sujet : sous le vernis ripoliné d’humaniste de gauche se cache un homme qui n’a cessé d’abandonner les siens, à commencer par ses enfants.

Paul Schrader adapte ici Russel Banks et ne manque pas d’idées de mise en scène pour le faire. Le problème est qu’elles ne fonctionnent pas toutes et que la confusion mentale du protagoniste finit par trop gangréner l’image pour maintenir suffisamment notre intérêt éveillé.

Bien interprété, bien filmé, le film se perd néanmoins en conjectures, quand bien même il tient jusqu’au bout le portrait d’un homme somme toute assez peu recommandable, si mourant soit-il. Le problème est que l’on a fini par se désintéresser de son sort.

Sébastien Bourdon

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