Toujours Verte Vallée
Quelle serait la pertinence contemporaine d’une œuvre de John Ford alors qu’est bien entamé, jusqu’au quart même, le 21ème siècle ?
La manière de raconter une histoire et la vision des rapports hommes-femmes pourront chagriner les esprits portés sur la complainte du progrès. Mais, quand même, quelle merveille que ce film, sur le fond comme sur la forme.
John Wayne était un abruti nationaliste, mais Ford le dirigea toujours avec une finesse qui permit de faire de (…)
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2 février, par Sébastien Bourdon -
« Apprendre » de Claire Simon
1er février, par Sébastien BourdonLike Diamonds in the Sky
On parle souvent de se mettre à hauteur de son sujet quand on se refuse à le surplomber : ici, Claire Simon propose même de se positionner physiquement au niveau des enfants, s’adaptant à leur taille. La caméra est alors comme un des leurs au milieu des autres, qui les regarde et les écoute. Les adultes, on les voit le plus souvent par en-dessous.
C’est la fin de l’année scolaire à l’école élémentaire Makarenko d’Ivry-sur-Seine. Il fait beau, on pourrait (…) -
« Pour un Oui ou pour un Non » de Nathalie Sarraute - mise en scène de Sylvain Maurice - Le Lucernaire, le 25 janvier 2025
27 janvier, par Sébastien BourdonDe l’incommunicabilité entre les êtres
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Ils sont amis, et on imagine de longue date, pourtant, très vite va naître entre eux une tension. (…) -
Marche du Progrès
26 janvier, par Sébastien BourdonEn entrant dans la laverie, lieu en principe dédié à l’hygiène et au bourdonnement continu des machines, se jouait un spectacle inhabituel et incongru : une élégante sexagénaire y classait patiemment des piles de livres, plus ou moins fatigués. Un rapide coup d’œil permettait de constater l’éclectisme de cette exhumation, les bouquins pour enfants jouxtant Kundera et Christian Jacq.
Amusé, je lui dis, « vous faites librairie aussi maintenant ? ». Cette dernière lève la tête et d’un air (…) -
« La Chambre d’à côté » de Pedro Almodovar
20 janvier, par Sébastien BourdonUne mort très douce
Ingrid (Julianne Moore) et Martha (Tilda Swinton) ont été longtemps très proches, l’une écrivain et l’autre reporter de guerre. Elles travaillaient dans le même journal et ont partagé à New York dans les années 80 une vie sociale et intellectuelle exaltantes.
Alors que Martha tente de se soigner d’un méchant cancer, Ingrid reprend attache avec elle et renoue le fil distendu de leur amitié.
Elles se racontent d’abord leurs vies, dans une série de flash-backs colorés (…) -
« Je suis Toujours Là » de Walter Salles`
19 janvier, par Sébastien BourdonChronique d’une Disparition
Difficile de faire plus élégamment solaire que cette première demi-heure de film. Le temps - l’aube naissante des années 70 - et le lieu - Rio au bord de la mer - tout est idéal : les gens sont beaux, la musique comme l’eau, est bonne, comment cela pourrait-il mal finir ?
La famille Paiva habite une grande maison ouverte aux portes de l’océan où le couple uni et ses cinq enfants reçoivent sans cesse, où se croisent des gens ouverts d’esprit, sorte de petit « (…) -
« Une Langue Universelle » de Matthew Rankin
18 janvier, par Sébastien BourdonLost in Translation
Il y a bien une histoire, mais elle n’est pas forcément limpide : un québécois neurasthénique quitte son job dans l’administration pour retourner à Winnipeg (Manitoba), d’où il est originaire, et son chemin va croiser celui d’enfants à la recherche d’un billet sous la glace et d’un dindon voleur de lunettes.
Mais la richesse du propos filmique ne réside point là, même si des pistes se dessinent sur la neige du film. Il y a d’abord une esthétique : une image (…) -
David Lynch, extinction des feux
18 janvier, par Sébastien BourdonÀ l’époque, j’avais une fiancée grecque, on allait au théâtre de l’Odéon et au cinéma. Elle était un peu plus âgée que moi (et que la copine du moment de mon père), et plus aguerrie à l’exigence culturelle.
Un soir de 1997, dans le coin de Montparnasse, on est allés tous les deux voir « Lost Highway ». J’avais vu « Twin Peaks » à la télé et n’étais pas non plus complètement vierge du cinéma de David Lynch, mais cela reste probablement comme une des séances les plus intenses et mémorables (…) -
« Grand-peur et Misère du IIIe Reich » de Bertolt Brecht, mise en scène de Julie Duclos - Odéon, le 10 janvier 2025
14 janvier, par Sébastien BourdonMalheur à qui n’entre pas dans la ronde
Nous sommes en 1933 et nous n’irons pas au-delà de 1938, dans une Allemagne qui n’est pas encore entrée en guerre, mais a porté Hitler à la chancellerie. Dans une succession de saynètes s’attardant sur toutes les strates de la population allemande, Bertolt Brecht décortique l’implacable imprégnation de la doctrine nazie sur la société civile.
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11 janvier, par Sébastien BourdonN’oubliez pas « Le Guide »
« Personne n’y comprend rien », comme l’affirme avec véhémence Nicolas Sarkozy - dont le titre du film reprend malicieusement une des saillies - mais c’est quand même beaucoup plus clair quand on nous explique patiemment, ce qu’entreprend de faire le documentaire.
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