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« L’homme Tranquille » de John Ford (1952)

dimanche 2 février 2025, par Sébastien Bourdon

Toujours Verte Vallée

Quelle serait la pertinence contemporaine d’une œuvre de John Ford alors qu’est bien entamé, jusqu’au quart même, le 21ème siècle ?

La manière de raconter une histoire et la vision des rapports hommes-femmes pourront chagriner les esprits portés sur la complainte du progrès. Mais, quand même, quelle merveille que ce film, sur le fond comme sur la forme.

John Wayne était un abruti nationaliste, mais Ford le dirigea toujours avec une finesse qui permit de faire de ses apparitions devant sa caméra parmi les plus belles jamais filmées (revoir trente fois « La Prisonnière du Désert » - 1956 - ne change rien à l’effet de sidération produit par certains plans fugaces de son visage, marqué par le désespoir ou la colère).

Il joue ici un homme qu’on qualifie de tranquille (« quiet ») - mais qui ne l’est évidemment pas - et ce retour en Irlande, terre qu’il quitta enfant pour l’Amérique, est motivé par des raisons qui nous restent d’abord inconnues.

Comme le soleil sur ce pays dissimule qu’il y pleut souvent, le sourire du héros masque un cœur lourd. La révélation de son secret se fait au milieu du film par un soudain flashback à la puissance visuelle intacte.

Ce poids de l’âme, cette mélancolie vont se poser sur les lieux, et surtout sur une femme aux cheveux de feu, couleur qui annonce son tempérament (Maureen O’Hara).

Faite d’un mélange détonnant de traditions et de soif d’indépendance farouche, c’est en réalité elle le moteur de l’histoire. Car tranquille, la femme ne l’est assurément pas non plus.

Alternant les tons et les atmosphères, le film se refuse à la morosité, comme à la fatalité, le héros fordien se laisse rarement abattre.

Tout ici est porté par la foi inébranlable de John Ford en la possibilité de faire communauté humaine, corpus social envers et contre tout (et tous).

Plus audacieux et surprenant, à l’orée du générique de fin, le film fait un clin d’œil sexuel à peine masqué, célébrant une dernière fois la joie d’être vivant et de profiter des nourritures terrestres.

Sébastien Bourdon

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