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« Pour un Oui ou pour un Non » de Nathalie Sarraute - mise en scène de Sylvain Maurice - Le Lucernaire, le 25 janvier 2025
lundi 27 janvier 2025, par
De l’incommunicabilité entre les êtres
Deux hommes au look bourgeoisement sobre de publicitaires quinquagénaires (Christophe Brault et Scali Delpeyrat), affichent une complicité rigolarde devant un papier peint au design coloré et géométrique (qui ressemble furieusement à la pochette du dernier album en date de Brutus, « Unison Life », ce qui me rend ledit décor extrêmement sympathique).
Ils sont amis, et on imagine de longue date, pourtant, très vite va naître entre eux une tension. L’un semble en effet garder comme une rancœur vis-à-vis de l’autre, quand bien même son origine serait difficilement définissable.
Il lui reproche un propos, une phrase, mais surtout la manière de le prononcer. Le Diable est dans les détails.
La discussion alors s’échauffe, s’envenime, et surgissent d’autres griefs, anciens et mal enfouis, plongeant les compères dans des abîmes de mésentente possiblement difficiles à remonter.
Cette séquence d’incompréhension masculine parfaitement dérisoire fait penser à « Art » de Yasmina Reza, pièce toutefois postérieure - 1994, quand l’œuvre de Nathalie Sarraute est sortie en 1981.
Le ton relève de la farce et le rire jaillit, encouragé par la vivacité comique des comédiens. Mais transpire de ces débats sans fin une forme de souffrance terrible, celle pour un être humain de ne pas être compris, faisant alors glisser le texte vers le tragique.
Les deux pôles coexistent ainsi dans la pièce, comme dans la vie en somme, rappelant au passage que l’amitié fait parfois couple potentiellement pas moins infernal que le ménage amoureux.
Sébastien Bourdon