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Une Vie Moins Ordinaire

mardi 12 janvier 2016, par Sébastien Bourdon

"Star Wars 7 - Le Réveil de la Force" de J.J. Abrams

Avant toute chose, et pour être précis au regard des multiples choix possibles de visionnage, l’auteur de ces lignes tient à indiquer qu’il a vu le film en 2D (en normal quoi) et en VO (ce qui relève de l’évidence, j’en conviens). A la sortie de la salle, ce choix a semblé définitivement le plus raisonnable, pour peu qu’on soit légèrement enclin à la migraine. Ajoutons qu’à ces décisions pertinentes, s’installer dans mon cinéma de quartier constituait un parachèvement : pas d’attente, pas de publicité et surtout, point de mangeurs de popcorn.

Pour être complet sur le rédacteur, si l’on a vu avec enthousiasme dans son jeune âge les trois premiers (donc les épisodes IV, V et VI), on s’est quand même sérieusement posé de sérieuses questions avec les prequels (I, II et III), souvent assez laids et superfétatoires. Cette redite réitérée n’apportait pas en effet grand-chose à la légende, risquant même parfois si ce n’est de la tuer, en tout cas de l’abîmer.

Enfin, le merchandising à outrance qui a entouré cette dernière sortie commençait un peu à peser sur tous les sens possibles, et l’on aurait donc – presque – pu envisager de ne pas y aller. Pourtant, par un incroyable alignement des astres, face à cet étalage publicitaire sans précédent, s’exposait partout et étonnamment une critique quasi unanime. Même les revues les plus exigeantes, et je les lis, s’accordent pour trouver à cette nouvelle escapade galactique moult qualités et à ne pas déconseiller son visionnage, et même au contraire.

Il est vrai que la confiance préalable et nécessaire pouvait être envisagée au regard du nom du réalisateur en charge de réveiller le mythe, J. J. Abrams, garçon particulièrement apprécié sur ces lignes. En effet, cet homme a su parfaitement digérer les codes plus ou moins établis du divertissement extra large, mais sans omettre une certaine forme de délicatesse et une compétence indiscutable lorsqu’il s’agit de donner une forme de réalité palpable à l’intangible (le film « Super 8 » en constituant sans doute le paroxysme : http://www.soundsmag.org/Bad-things-happen-but-you-can).

Lorsque surgirent sur la toile les premières images du film, toute résistance s’est révélée inutile, c’est tout juste si on n’en a pas eu les larmes aux yeux. Lorsque Han Solo/Harrison Ford se tourne vers l’inénarrable boule de poil géante qui lui sert d’acolyte et lui déclare « Chewie, we’re home ! », le mouchoir s’imposait. On avait donc déjà très envie du voyage.

L’avoir vu un peu après tout le monde n’a d’ailleurs rien gâché, j’ai sautillé et frétillé comme un petit garçon pendant au moins la moitié du film, et me suis régalé plus sagement le reste du temps. Ceci posé, il n’est pas aisé de se lancer dans de longs développements sur une œuvre faite d’un unique, pur et intact matériau : le plaisir.

L’œuvre dit peut-être quand même quelque chose sur l’époque, cette soif d’espaces intergalactiques vient sans doute de ce que nous ne connaissons que trop les limites de notre planète et de sa fin, d’ailleurs peut-être programmée par nous-mêmes. Il fait indéniablement un temps à aller voir ailleurs si on y est, dans un monde qui ne sera peut-être pas meilleur, mais infiniment plus vaste et exaltant.

Mais, répétons le, peu de films vous donnent la possibilité de ressentir un tel enthousiasme juvénile. On relève bien sûr quelques imperfections, le scenario notamment, copie quasi conforme des épisodes précédents : une Etoile Noire de la Mort qui Tue encore plus développée, qu’il convient de détruire vite, même si c’est quasi impossible. De ce fait, la deuxième partie du film se perd un peu en batailles épiques, mais retombe finalement brillamment sur ses pieds, nous donnant au passage une soif certaine de voir la suite.

En réalité, les retrouvailles avec Star Wars sont à l’image de celles, touchantes, de la Princesse Leia (devenue Générale) et de Han Solo. Emus et contents de se voir, se souvenant de ce que tout n’a pas été parfait, mais que nombreux furent les bons moments.

Le film tient donc beaucoup sur une certaine forme de nostalgie, mais trouve un bel équilibre dans ce retour à une science-fiction cinématographique qui ne reposerait pas uniquement sur les effets spéciaux numériques. Les paysages sont grandioses, les trucages faits main sont de retour et le casting, quasi parfait, met les mains dans le cambouis. Harrison Ford a d’ailleurs rarement été aussi bon, quant à la jeune anglaise Daisy Ridley, même avec le cheveu gras et les mains sales (mais les dents toujours blanches), elle illumine l’écran de sa grâce et de son naturel

On est donc sorti tout content, se moquant comme d’une guigne du crachin hivernal et nocturne.

Et puis, le lendemain matin, comme un rappel au monde réel et fini, on apprenait la disparition du seul extraterrestre connu, David Bowie, l’homme aux mille visages qui, dans une dernière transformation, optait ainsi pour le masque mortuaire, nous laissant une fois de plus, mais la dernière, abasourdis.

Sébastien

Messages

  • Magnifique chronique et je me retrouve beaucoup dans les sensations que dis je les pulsations ressenties pendant le visionnage. Je suis in peu plus déçu par le scénario par contre.
    Je partage donc ! Merci Sébastien.

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