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« Une Affaire de Famille » de Hirokazu Kore-eda

dimanche 13 janvier 2019, par Sébastien Bourdon

Famille Recomposée

Le réalisateur nippon Hirokazu Kore-eda s’intéresse au lien, et plus particulièrement à ce qui fait la famille, indéfectiblement. Avant d’évoquer ici son dernier opus, citons également le film « Tel Père Tel Fils » (2013) dans lequel le cinéaste s’interrogeait spécifiquement sur la paternité. Partant d’une histoire qui n’était pas sans évoquer « La Vie est un Long Fleuve Tranquille » (Etienne Chatiliez - 1988), il tentait de comprendre ce qui faisait un père.

Malheureusement le film souffrait de trop de défauts narratifs, manquant de consistance, sans même émouvoir.

Tel n’est pas le cas avec ce nouveau film qui a plus que légitimement convaincu la Croisette. Non seulement le film est intrinsèquement passionnant dans son sujet, mais son développement progressif et habile en fait une œuvre cinématographique particulièrement solide.

Une famille multi-générationnelle, du moins présentée comme telle, survit plus ou moins joyeusement de chapardages quotidiens, dans la débrouille absolue. Dans ce Japon contemporain, si les structures sociales n’existent pas pour apporter l’aide nécessaire, un groupement hétéroclite semble intrinsèquement receler les moyens d’y pallier.

L’habileté du scénario réside dans le développement d’une histoire qui pourrait sembler crapuleuse quand se cachent ici en réalité des trésors d’empathie et de générosité.

La tribu décrite est en effet d’autant plus fascinante que se pose au-delà du lien affectif la question de la morale et de la norme sociale.

Il ne faut toutefois point trop en dire car le film expose ce qui semble relever d’évidences pour mieux les complexifier ensuite. Retenons simplement qu’ici comme dans la vie les apparences sont trompeuses.

La démarche du cinéaste est d’autant plus intéressante qu’il repousse le plus longtemps possible la possibilité du drame, le maintenant aux frontières extérieures de son film. Il s’attache plutôt à suivre avec délicatesse et acuité les pérégrinations de ces déclassés qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes.

On ne saurait conclure sans évoquer le foyer qui héberge nos protagonistes. En hiver, il semble plus petit encore, encombré de bric et de broc dérobés ça et là, pour devenir avec l’été un havre protecteur s’ouvrant sur un minuscule îlot de verdure. Il y aurait même eu en ces lieux un bassin avec des carpes, s’amuse un des protagonistes devant une évidente impossibilité physique. Mais qu’importe, ce devait être de petites carpes et elles auront prospéré avant de disparaître.

Sébastien Bourdon

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