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« Sandra (Vaghe stelle dell’Orsa...) » de Luchino Visconti (1965)

mardi 28 octobre 2025, par Sébastien Bourdon

Sonate d’automne

Pourtant Lion d’or à Venise, ce film ne compte certainement pas parmi les plus fameux de Luchino Visconti, et pour cause, tant il est raide et empesé (tendance souvent marquée chez ce cinéaste, ce qui ne l’a toutefois pas empêché de commettre quelques chefs d’œuvre).

Nous est narré le retour au bercail d’une jeune femme (Claudia Cardinale), accompagné de son riche américain de mari (Michael Craig), à l’occasion d’une cérémonie au cimetière du cru pour honorer feu son père (mort à Auschwitz).

Dans la demeure familiale au luxe dément vit toujours la mère (Marie Bell), pianiste cinglée, et le frère, ange malsain comme les goûte tout particulièrement Visconti (avec ses regards se voulant profonds et sa sensualité surjouée, Jean Sorel n’atteint toutefois même pas le Delon de supérette).

On sent les lieux hantés de souvenirs douloureux, las, on ne va pas vers le gothique cher à Mario Bava, on glisse sans retenue dans la tragédie antique.

En effet, on comprend progressivement le rapport incestueux existant entre le frère et la sœur, que leurs retrouvailles risque de raviver, au grand dam du mari découvrant, comme le chantait Higelin, cet « attentat à la pudeur » (et aux mœurs accessoirement).

Nos modernes Electre et Oreste vont donc rejouer les interdits, la sœur étant toutefois plus rétive à sombrer dans les errements passés.

Et tout le monde de produire à répétition des crises - ensuite ré-enregistrées en post-synchronisation, aggravant encore l’impression de jeu outré permanent - entre froncements de sourcils, roulements d’yeux et sensualité lourdement appuyée.

La tragédie se joue sur arpèges de César Franck qui, mort depuis belle lurette, n’aurait probablement pas compris ce que sa musique foutait là à jets continus, sans que le réalisateur ne se soucie particulièrement de ce qu’elle se marie avec ce qui se passe à l’écran.

Évidemment, cela se regarde, mais du maître italien, il y a mieux et plus à voir dans d’autres films.

Sébastien Bourdon

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