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« Pompei, sotto le nuvole » de Gianfranco Rosi

samedi 6 décembre 2025, par Sébastien Bourdon

Danser sur le Volcan

Dans un cinéma en ruines est projeté un vieux documentaire sur Pompéi. Nous reviendrons à intervalles réguliers en ce lieu fantomatique, pour y voir d’autres extraits de films, et notamment du « Voyage en Italie » de Roberto Rossellini (1954).

Il y a de ça à Naples : surgissent sans cesse des traces du passé encore d’autres vestiges d’un autre temps.

Un autrefois encore très présent en ces lieux, ainsi de la proximité du Vésuve qui en 79 après JC couvrit les villes de Pompéi et Herculanum de cendres, et dont la présence menaçante semble continuer à peser sur les habitants de la Campanie, comme un drame toujours possible.

Aujourd’hui, à la moindre secousse, on se rassure en appelant les pompiers, qui ne semblent malheureusement guère plus éclairés que les oracles sur l’ampleur possible des catastrophes naturelles.

Si le film semble d’abord un peu décousu, il tourne en réalité autour de quelques lieux et personnes, qu’il s’agisse d’un vieux sage organisant de l’aide aux devoirs, une conservatrice de musée, le centre d’appels de la brigade des vigili di fuoco, un procureur, des tombaroli qu’on ne voit jamais, mais dont on suit les traces dans leurs tunnels de voleurs d’histoire, des marins syriens venus à Naples livrer du blé ukrainien, d’archéologues nippons etc.

Toutes ces figures reviennent à intervalles réguliers dans un ballet incessant, que viennent enrichir encore des plans à la fulgurante beauté noire et blanche.

Rosi capture certes la splendeur des lieux, mais en choisissant le pas de côté : les voies de chemin de fer, les tankers remplis de blé, les fumées du volcan, les sous-sols de la ville, comme les réserves de ses musées…

Les séquences, le plus souvent contemplatives, font se succéder des personnages et des décors qui, dans leur diversité, incarnent la ville-monde. Ainsi de ces touristes japonais qui s’émeuvent au musée des figures figées pompéiennes, renvoyant inconsciemment aux victimes d’Hiroshima.

Le passé est un beau bordel, et le présent ne l’est pas moins.

Sébastien Bourdon

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