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« Kika » de Alexe Poukine
mardi 11 novembre 2025, par
No Pain, No Gain
Kika (Manon Clavel) est assistante sociale et vit avec sa fille et son compagnon à Bruxelles. Son quotidien est aussi balisé que son métier est agité, sachant qu’elle met du cœur à l’ouvrage.
La vie est faite d’accidents, et un jour, elle tombe amoureuse d’un autre (Makita Samba), décidant de tout plaquer ou presque.
Las, l’homme fait des projets et Dieu rit, et cette nouvelle existence s’achève aussi vite qu’elle a commencé, alors qu’elle découvre être enceinte de ses œuvres.
Ce drame la plonge dans la quasi précarité, l’obligeant à arrondir ses fins de mois, un peu par hasard et nécessité, par la pratique tarifée du BDSM.
Tous ces événements nous sont exposés au cours d’une introduction aussi elliptique que touchante, où la cinéaste fait montre d’une indéniable capacité de conteuse.
C’est ensuite que le bât blesse : si l’on comprend bien ce dont la réalisatrice veut parler, on peine néanmoins à saisir les ressorts narratifs. Kika a un emploi stable, est entourée de gens bienveillants - ses parents, son ex, ses collègues et amis - aussi on peine à percevoir qu’elle ait soudain un tel besoin d’argent justifiant qu’elle se plonge dans un secteur où, si l’argent est facile, l’exercice est quand même compliqué (sauf à avoir de l’appétence pour ce type de jeux sexuels, et là, ça sort de nulle part).
Venue du documentaire, Alexe Poukine a fait préalablement ses devoirs, d’interviews en participations à des ateliers dédiés (un peu comme pour la permaculture ou la peinture sur soie, ça existe pour le BDSM). Aussi, tout ce qui concerne la découverte de cet univers est montré de façon aussi juste que sensible (et parfois élégamment drôle).
Manque seulement un ressort narratif solide pour faire tenir tout cela, et si remarquable soit l’actrice et jolies les images, ça ne suffit pas.
Tout le monde au final est gentil et bien intentionné (à une seule exception, qui va servir ensuite à une prévisible démonstration de sororité), ce qui pose quand même, on le redit, un problème de crédibilité.
Reste une belle galerie de portraits et une manière assez fine d’aborder les moyens, même paradoxaux, que d’aucuns trouvent pour se libérer de la souffrance d’être.
« Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. » (Baudelaire)
Sébastien Bourdon