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« La Femme la plus Riche du Monde » de Thierry Klifa
mercredi 3 décembre 2025, par
Toute Honte Bue
Très inspiré de la ténébreuse, mais médiatique affaire Liliane Bettencourt, le film en riches décors et costumes revient sur les événements qui ont frappé la première fortune de France à la fin du vingtième siècle.
En ramenant à nos mémoires l’héritière de L’Oréal qui versa des sommes colossales à l’artiste Francois-Marie Banier, on prend ici d’abord le parti d’en rire.
Liliane B devient Marianne Farrère sous les traits (de génie) d’Isabelle Huppert, et l’actrice, soutenue par un casting de prestige, brûle littéralement l’écran de ses moues comiques et de ses saillies hilarantes de déconnectée du réel.
Quant à Laurent Lafitte, il campe Pierre-Alain Fantin, demi escroc qui use de ses sorties provocatrices et de son habileté enveloppante pour se mettre dans la poche la femme et son argent, au grand dam des siens, le plus souvent sinistres et compassés.
Puis le ton change une première fois, et se fait plus sinistre, tant ce mélange d’opulence étalée de manière presque innocente et l’avidité qui l’entoure finit par rendre le fond cruellement grinçant.
L’atmosphère bouge ensuite encore, le film ralentit quand la guerre familiale débute. Les péripéties qui suivent conservent alors cette rupture de ton, mais y ajoutant une élégante mélancolie et une fondamentale tristesse.
Si affreux soit Pierre-Alain, il redonne vie à l’héroïne : riche comme Crésus, ce dont il la dépouille ne l’appauvrit pas, mais illumine sa morne existence. Les questions de principe de sa fille mal-aimée (Marina Foïs) ne concernent ni n’intéressent sa mère.
Les riches sont des gens comme les autres, au final, ils ne s’en sortent pas tellement mieux de l’existence, et puis meurent comme tout le monde.
Sébastien Bourdon