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Roger Waters “Us and Them”, U Arena le 9 juin 2018

mardi 12 juin 2018, par Sébastien Bourdon

L’U Arena à Nanterre, ou l’archétype de la nouvelle salle de concert contemporaine : autant d’ouvreurs en gilets jaunes fluos, que de flics, que de spectateurs. Mais, au merchandising de Roger Waters, on peut résister pour 70 Euros. Du moins, c’est ce qui est écrit sur le sweat-shirt vendu à ce prix prohibitif.

A l’intérieur, c’est vaste, c’est propre, c’est climatisé, il y a du papier et du savon dans les toilettes, et si l’envie de s’asseoir par terre pour se sustenter vous prend, vous pouvez le faire sans crainte.

Au prix des places, la population est souvent assez chenue, mais portant parfois beau, polos et chemises rayées. La coupe de champagne est à dix Euros.

Et le concert commence par le bruit de la mer, sur fond d’image de migrant regardant l’infini de l’océan. Le cri des mouettes est hélas couvert autour de moi par des gens bruyants. C’est un peu le problème éternel des concerts : les gens. Ceci dit ce soir, c’est allé loin, j’en ai entendu rire bruyamment pendant « The Great Gig in the Sky  ».

Ce qui nous amène enfin à la musique. Elle était d’une qualité indiscutable, et fort bien interprétée, mais à un moment de ce long concert (trop ?), s’est imposée une évidence, sur scène se produisait un - très bon - tribute band de Pink Floyd. Opportunité extraordinaire pour ces jeunes musiciens talentueux, un membre essentiel du célèbre quatuor anglais œuvre parmi eux : Roger Waters (chant, basse et guitare), je précise pour ceux d’entre vous qui n’auraient pas suivi.

Du coup, c’était un peu Pink Floyd, mais sans l’être vraiment. De toutes façons, Richard Wright (claviers) est mort et Nick Mason n’a jamais vraiment su jouer correctement de la batterie. Mais des retrouvailles avec David Gilmour (guitare - chant) donneraient peut-être moins l’impression d’une tentative un peu vaine de restitution de l’œuvre. En effet, à quoi bon utiliser plusieurs guitaristes pour restituer ses sonorités ? Pourquoi employer notamment Dave Kilmeister, inventif et débridé chez Steven Wilson, ici réduit à un rôle de copiste médiéval ?

Du coup, avec l’effet de distance propre aux grandes salles (la première partie de la fosse est faite de places assises !), on ne s’y retrouve pas tout à fait, quand on a pourtant pratiquement découvert la musique avec les Floyd. La beauté est indiscutable, mais l’émotion se fait difficile à ressentir. On est au spectacle.

Le show se doit aussi d’être politique, il nous est présenté comme l’étape d’une tournée de résistance au nouvel ordre mondial, qu’il soit politique, religieux ou économique. C’est ainsi que sur les longs développements de « Pigs » et « Dogs », morceaux pourtant parus en 1977 sur l’album « Animals » est plaquée une imagerie anti Trump un peu vaine, qui ne prêche que pour des convaincus.

Finalement, soyons iconoclaste, Roger Waters ne convainc vraiment que lorsqu’il joue son répertoire solo récent, d’autant plus qu’il l’interprète ici avec les troupes qui l’ont enregistré. Le très réussi « Is This The Life We Really Want ? » se révèle d’une belle ampleur joué live. Nonobstant le plaisir auditif procuré par « Us and Them » ou « Breathe », on aurait volontiers plutôt écouté quelques anciennes pépites extraites de sa discographie post Pink Floyd, comme « The Pros ans Cons of Hitchicking ».

D’autant que si on enlevait le pensum politique final, fruit de l’ego surdimensionné de Waters, on aurait pu caser une ou deux chansons de plus.

Pour une comparaison plus juste, on ira voir David Gilmour la prochaine fois.

Sébastien Bourdon

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