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« Retour à Séoul » de Davy Chou

dimanche 29 janvier 2023, par Sébastien Bourdon

En Corée et Encore

Freddie (Park Ji-min), une jeune femme de 25 ans, découvre la Corée du Sud, pays dont elle est originaire. Adoptée par des français quand elle n’était encore qu’un bébé, elle n’a de cette région que le physique, mais n’en maîtrise ni les codes, ni la langue.

Ce postulat aurait pu donner quelque chose d’interessant, un « lost in translation » paradoxal sur quinze jours. Et le début du film tient cette promesse avec un naturel convaincant. Freddie n’est pas très sympathique, dissimulant sous des attitudes arrogantes et impulsives, une personnalité un peu fêlée. Elle a le comportement d’une fille plus jeune, comme possédée par une colère adolescente qui n’en finirait plus de sortir.

Sans que l’on soit certain que tel était le but de ce voyage, elle décide de retrouver ses vrais parents, s’adressant pour ce faire à l’institution qui s’était chargée de la placer. Seul le père (Kwang-rok Oh) répond à l’appel et la rencontre a évidemment tout du choc des cultures.

Petit homme timide et maladroit, souvent éméché, il exaspère sa fille assez rapidement avec ses discours larmoyants et sa vision du monde étriquée. La rencontre se fait, Asie filmée oblige, lors des repas où entre deux schlurps, on essaye de faire passer des sentiments que la pudeur locale interdit (d’où l’alcool).

Cette première partie, très réussie, s’achève avec la rudesse habituelle de la protagoniste, qui est alors supposée repartir en France.

Cut, et saut dans le temps de deux années. Nous sommes à nouveau à Séoul, où Freddie, vêtue comme pour faire de la figuration dans « Le 5ème Elément » (Luc Besson - 1997), retrouve un date chopé sur Tinder. L’homme quasi sexagénaire (Louis-do de Lencquesaing) est un marchand d’armes, un peu débordé par la personnalité très directe de la jeune femme. Sa petite affaire effectuée, elle retourne dans une sorte de squat interlope où on lui fête son anniversaire.

Comment est-ce qu’on peut se fourvoyer ainsi et emmener ainsi un film n’importe où, n’importe comment, cette chronique ne saura y répondre. Le film se délite brusquement, se met à n’avoir ni queue ni tête, la quête maternelle se diluant dans un brouillard narratif décousu et inconséquent.

Le film refait ensuite un autre bond de cinq années, où Freddie a un fiancé français qu’elle traite mal et est devenue elle-même marchand d’armes. Bref, on nous a perdu, et le réalisateur lui-même semble ne même plus savoir ce qu’il voulait nous raconter.

A la fin, après un énième saut dans le temps - j’ai perdu le décompte - on se retrouve au milieu de nulle part, dans le silence et le vide, dans une représentation somme toute assez juste de notre ressenti de spectateur à l’issue de la projection.

Sébastien Bourdon

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