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« Perfect Days » de Wim Wenders

jeudi 16 novembre 2023, par Sébastien Bourdon

L’homme qui Sourit

Hirayama (Kôji Yakusho) mène une vie ascétique et bien rangée : chaque journée semble suivre un rythme immuable, entre travail bien fait et rêveries silencieuses. Dès potron-minet, dans son petit appartement des faubourgs de Tokyo, il s’extrait de son futon, le plie et le range, jette un dernier coup d’œil à son livre, avant d’enfiler son bleu de travail floqué « Tokyo Toilet Service ». Ce garçon est en effet chargé du nettoyage des latrines de la capitale japonaise, tâche dont il s’acquitte avec une rigueur toute professionnelle (en même temps, au Japon, les toilettes sont propres avant même d’être lavés).

Il se rend sur les différents sites à nettoyer dans sa petite camionnette impeccablement rangée, sans omettre au préalable de prendre une habituelle canette de sa boisson préférée. Il choisit chaque jour une cassette pour le trajet, faisant montre d’un goût vintage irréprochable : de Lou Reed (qui donne son nom au film) à Patti Smith, en passant par Otis Redding ou les Animals.

Après le labeur, il prend son vélo, se sustente toujours au même troquet, fait un saut chez la bouquiniste, puis passe aux bains se laver et se détendre d’une journée qui n’aura pourtant été qu’apesanteur.

Ce reclus silencieux au milieu des autres se cogne quand même parfois à ses semblables. Ainsi, et par exemple, de son indiscipliné jeune collègue de travail qui veut lui faire revendre ses précieuses K7 et en récupérer le fruit pour pouvoir sortir avec sa petite amie, ou de sa jeune nièce qui débarque à l’improviste après s’être disputée avec sa mère, esquissant un peu des origines du gouffre de solitude dans lequel notre protagoniste s’est volontairement plongé.

Si l’on excepte la beauté formelle de l’ensemble et l’exceptionnelle présence à l’écran de son interprète principal Kôji Yakusho (prix d’interprétation à Cannes), le film souffre quand même de pas mal de handicaps.

Tout d’abord, il semble l’œuvre d’un touriste cinéphile, si Wim Wenders vient avec ses disques pour l’ambiance, le film semble figé dans une représentation stéréotypée du Japon (ceci dit, n’y étant pas allé, on ne peut pas exclure que le pays du Soleil Levant soit exactement fidèle à l’idée que l’on s’en fait, entre extrême pudeur polie et jardins bien rangés où s’égayent des sumos).

Ensuite, et ce n’est pas commun, les « journées parfaites » s’enchaînent, similaires ou presque, ce qui fait que voilà un film qui pourrait s’arrêter n’importe quand que ça n’y changerait pas grand chose ou presque.

Au final, on se dit que si Ozu avait voulu réaliser un film promotionnel sur les toilettes publics, ce serait exactement celui-là. Était-ce nécessaire, chacun se fera son idée, mais la balade n’est pas désagréable.

Sébastien Bourdon

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